INSEE : Migrations, natalité et solidarités familiales - La société de Mayotte en pleine mutation

samedi 25 mars 2017

Migrations, natalité et solidarités familiales : La société de Mayotte en pleine mutation

Publié par Insee Analyses Mayotte n°12, 10 mars 2017

Par Claude-Valentin Marie (Ined), Didier Breton (Université de Strasbourg/Ined), Maude Crouzet (Ined), Edouard Fabre, Sébastien Merceron (Insee)

Les mobilités sont très prégnantes à Mayotte et recomposent la population : en 2015, plus d’un adulte sur deux vivant à Mayotte n’y est pas né. Les natifs d’Anjouan sont les plus nombreux (30 %). Quatre résidents sur dix, âgés de 18 à 79 ans, sont ainsi de nationalité étrangère, la moitié d’entre eux étant en situation administrative irrégulière.

L’émigration est également forte. En 2012, aux mêmes âges, 26 % des natifs de Mayotte et résidant en France vivent en dehors du département, et même 45 % des 18-24 ans. Par ailleurs, 30 % des adultes nés à Mayotte, et qui y résident, ont déjà séjourné plus de six mois en dehors de l’île. Le modèle familial mahorais repose sur deux fondements essentiels : le mariage et une fécondité élevée. Mais avec la généralisation de la scolarisation et notamment celle des femmes, les schémas traditionnels évoluent. Les solidarités familiales constituent un ciment essentiel de la cohésion de la société mahoraise. Dans un contexte de forte précarité, l’entraide financière régulière y est deux fois plus fréquente que dans les autres DOM. En outre, quatre personnes sur dix apportent une aide non financière à leur entourage, tout particulièrement pour la garde d’enfants ou pour aider les personnes âgées.

Lire ce rapport : histogrammes des données et commentaires

INSEE Analyse Mayotte-Réunion, n°12, mars 2017

Communiqué

Plus que dans tout autre territoire français, les caractéristiques de la population vivant à Mayotte sont le résultat d’une combinaison entre migrations et natalité très spécifiques au département.

  • Plus d’un adulte sur deux vivant à Mayotte n’y est pas né

Les mobilités sont très prégnantes à Mayotte et recomposent la population : en 2015, plus d’un adulte sur deux vivant à Mayotte n’y est pas né. Les natifs d’Anjouan sont les plus nombreux (30 %). Quatre résidents sur dix âgés de 18 à 79 ans sont ainsi de nationalité étrangère. Les motivations des
nouveaux arrivants diffèrent sensiblement selon l’origine.

L’émigration est également forte. En 2012, 26 % des adultes natifs de Mayotte résidant en France vivent hors du département. De plus, la moitié des 25-34 ans natifs de Mayotte ont eu une expérience migratoire de six mois ou plus.

  • Le modèle familial encore basé sur le mariage et une fécondité élevée

Le mariage constitue l’un des faits marquants de la société mahoraise. Il est coutumier dans 98 % des cas et rarement combiné à un mariage civil (12 %). Au-delà de 35 ans, plus de neuf personnes sur dix sont mariées ou déclarent avoir déjà été mariées. L’indicateur conjoncturel de fécondité s’établit à 4,0 enfants par femme en 2015, le plus élevé de l’ensemble des départements français.

Mais la fécondité recule progressivement avec la généralisation de la scolarisation.

  • Une population solidaire

Les solidarités familiales constituent un ciment essentiel de la cohésion de la société mahoraise. Dans un contexte de forte précarité, l’entraide financière régulière y est deux fois plus fréquente que dans les autres DOM. En outre, quatre personnes sur dix apportent une aide non-financière à leur entourage, tout particulièrement pour la garde d’enfants ou pour aider les personnes âgées.