Mayotte - Où va la République ?

Film de Frédéric Lambolez et Jean-Marie Pernelle (août 2008)
dimanche 1er août 2010

Achat en ligne (20€) sur le site du producteur
http://www.enqueteprod.com

Résumé

Depuis l’instauration du visa en 1994 puis le durcissement opéré à partir de 2006, l’Etat français a mis en place une “politique du chiffre” très controversée qui a des répercutions dramatiques sur la vie de ce territoire morcelé, entre l’Union des Comores indépendante depuis 1975 et Mayotte, restée française.
Les candidats à l’immigration des 3 îles “sœurs” arrivent en masse sur les côtes mahoraises à bord de frêles embarcations, les “kwassa-kwassa”, attirés par le rêve d’une vie meilleure (le rapport du niveau de vie est de 1 sur 10 entre Mayotte et l’Union des Comores). On les estime à plus de 15 000 nouveaux arrivants par an alors que dans le même temps, plus de 20 000 reconduites à la frontière sont appliquées soit l’équivalent de 10% de la population mahoraise.
Face à la mise en place d’une politique répressive qui ne résout en rien la source du problème et qui laisse si peu de place à la coopération inter-îles, les conséquences sont multiples : plus de 5 000 décès en mer depuis 15 ans, plus de 30% de la population sans-papier, une exploitation scandaleuse de cette main d’oeuvre fragilisée, une recrudescence de mineurs isolés, une saturation du centre de rétention condamnée par la Cimade, une augmentation sensible des tensions entre les communautés.

Dans ces conditions, où va la République à Mayotte ? Et qu’elles sont les perspectives à terme ?

Les co-réalisateurs

Frédéric Lambolez et Jean-Marie Pernelle sont deux auteurs-réalisateurs qui vivent à l’île de la Réunion depuis une quinzaine d’année. Ils se sont impliqués depuis toujours dans la vie sociale et culturelle de l’île et ont décidé de s’associer en 2007 pour écrire et réaliser des films documentaires sur les enjeux liés au développement de la zone Océan Indien (La Réunion, l’île Maurice, Madagascar, Mayotte, les Comores, Les Seychelles, etc.) afin de mieux faire connaître ces territoires pourtant liés depuis plusieurs siècles au
destin de la vieille Europe.

Extraits

Michel Rhin (RESF)
"Si il y a une chose qui me choque vraiment terriblement, qui me choque le plus c’est de voir le peu d’intérêt que Mayotte suscite en métropole. On a beau essayer de faire des démarches en métropole pour avertir les gens, finalement ici c’est quoi ? c’est à 10 000 kilomètres, qu’est-ce que c’est ?
On s’en moque."

Jean-Philippe Decroux (SNPDEN/UNSA)
"Il est vrai que lorsque j’observe les réactions aux affaires en France, en métropole. On est tous surpris de voir que ce qui choque là-bas, à juste titre souvent, c’est le pain quotidien ici. On a mal à la république ici quand on est attaché à un certain nombre de valeurs."

Flore Adrien (Cimade)
"Et on cherche le sans-papier dans des endroits où l’on ne devrait pas le chercher. Il y a encore quelques jours, un monsieur à Mamoudzou me racontait qu’il avait vu des gendarmes dans un petit troquet, il était en gros midi moins le quart, les bouénis (femmes) sont venues chercher les enfants à l’école et les gendarmes sont sortis au moment où les femmes ressortaient avec les enfants de l’école maternelle. Quand elles ont vu les gendarmes tout le monde s’est mis à courir, il y avait des enfants qui étaient tout seul, il y avait des femmes qui serraient leur enfant et qui voulaient pas partir.
Je crois que c’est ça la politique chiffrée. En fait, c’est pas une recherche raisonnable du clandestin, c’est une recherche à tout prix du clandestin, quelque soit la situation dans laquelle on le recherche."

Michel Rhin
"On est, si vous voulez, quand on se promène sur l ‘île quotidiennement confronté à des choses qui nous touchent, des arrestations quotidiennes, des rafles, en permanence, des courses dans les rues."

Flore Adrien
"Et si vous aviez une caméra pointée sur les Bouénis en train de courir dans tous les sens avec les enfants dans les bras, demain il n’y aurait plus personne pour faire ça à Mayotte."