Mayotte brule-t-elle ? Echos d’acteurs et de témoins des mouvements sociaux

Octobre 2011
mardi 11 octobre 2011

Le site mayotte-viechere.com

Site créé par Le Collectif des Indignés de Mayotte

Un site qui recueille les revendications de la population de Mayotte.


Témoignages, revue de la Réunion sur le web http://www.temoignages.re, donne des échos intéressants venus de Mayotte

Voici l’un de ces témoignages :

11 Octobre 2011 : La tension monte d’un cran

Hier lundi 10 octobre, la tension est montée d’un cran sur l’île aux parfums. Après s’être rassemblés très tôt dans la matinée sur la place du marché de Mamoudzou, principale ville de Mayotte, pour obliger les commerces à fermer, des centaines de grévistes mahorais se dirigent vers le Jumbo Score de Majicavo, village situé à l’entrée de la commune de Koungou, car le bruit a couru que certains commerces auraient ouvert leurs portes. Les manifestants continuent de lutter contre la vie chère et réclament une baisse significative des prix de dix produits alimentaires ou non.
A Mamoudzou, en début de matinée, des barrages ont été dressés dans le centre-ville et un cortège de manifestants a fait le tour des rares commerces et entreprises encore ouverts pour leur faire baisser le rideau. Ils ont aussi essayé de déloger les personnes présentes au Conseil général et à la préfecture. La tension est palpable ce lundi à Mayotte.

Alors que les manifestants étaient de plus en plus nombreux à arriver sur la place du marché, les dirigeants de l’intersyndicale avaient rendez-vous avec le préfet, Thomas Degos, en milieu de matinée. « Nous allons lui dire que la population ne veut pas du tout de ses propositions. Il faudra bien qu’il le comprenne » disait Salim Nahouda, secrétaire général de la CGT Mayotte avant de prendre la barge pour se rendre de Grande Terre en Petite Terre, où la rencontre avec le préfet doit avoir lieu.
Rappelons que le préfet a proposé d’organiser un voyage d’une demi-journée à La Réunion pour des représentants des associations de consommateurs « afin qu’ils se rendent compte que certains prix sont moins élevés qu’ici et d’autres plus élevés ». Il a également décidé de se concerter, individuellement, avec toutes les parties prenantes du conflit.

« Ce n’est pas cela que nous voulons. Nous voulons l’alignement des prix sur ceux de La Réunion. Nous sommes département français, nous voulons les mêmes droits que tous les autres départements » lance Anissa, une mère de famille. « Nous avons tout notre temps, ils cèderont avant que l’on soit fatigué », ajoute-t-elle, applaudie par un groupe de femmes qui l’aide à tenir une barricade.
Avec le départ des manifestants vers le Jumbo Score de Majicavo, le climat s’annonce une nouvelle fois très tendu.

Mahdia Benhamla à Mayotte pour www.ipreunion.com


Témoignages recueillis par Rue 89


Témoignage envoyé depuis Mayotte à Mom

10 octobre - Sylvie de Petite Terre
Quelques mots d’ici tout en bas... un mailc en vrac et en émoi...
A Mayotte depuis ... plus d’ une dizaine de jours, tout s’enflamme et on
ne vous en dit rien.
Et malgré l’habitude de ce désintérêt je m’énerve devant ce mépris
politico-médiatique affiche...
On reçoit des SMS nous enjoignant de rester chez nous...

Tout ça pour quelques cartons de mabawas... qui viennent congelés du
Brésil. Les mabawas, ce sont des ailes de poulet... symbole absolu du bon mange. Ici... des ailes de poulet dont personne ailleurs ne veut.. c’est gras et cartilagineux mais c’est vendu cher... trop cher pour les Comoriens, plus cher qu’à la Réunion... alors, symbole de la vie chère avec quelques autres produits de base, les syndicats se sont mis à manifester et réclamer des négociations... Le mabawa qui cache la forêt !

Et ils négocient ferme et indéfiniment, ne voulant rien lâcher de leurs intérêts compliqués... et quelque peu antinomiques...
Et puis les magasins ont fermé et les boutiques se sont vidées puis
les placards et les ventres et les barrages ont paralysé l’île... et des
enfants ont jeté des cailloux et racketté les automobilistes..
Une petite fille a reçu un flashball dans l’œil et un autre un coup de
couteau... quelques voitures ont brûlé... sous l’œil attendri des
renforts policiers.

Ne vous inquiétez pas, d’autres unités arrivent... les militaires sont à chaque carrefour... quelle ambiance !
Osera-t-on s’étonner de ce racisme que l’on sent monter comme une gangrène que l’on avait prévenue.... Aucun vaccin pourtant ...
Je guette les infos... rien ne filtre chez vous, dormez tranquille...
Le problème va se régler bien vite.... c’est difficile, le post-colonial ....la suite au prochain numéro !

En attendant, ils continuent de renvoyer les pauvres "étrangers" comme
cette mère de famille allaitante à qui on a retiré son bébé de 6 mois
(avec son accord) pour qu’il reste avec le père qui a un titre de séjour de 10 ans... rêve de devenir français... Et la mère d’un jeune avec carte d’identité expulsée elle aussi, etc., etc., etc., etc.....