Victimes du barrage électronique et policier érigé autour de Mayotte

Naufrages proches des côtes de Mayotte avérés entre le 9 juin 2009 et le 28 octobre 2010
jeudi 28 octobre 2010

Combien de naufrages, combien de morts sur le trajet des kwassas entre l’île d’Anjouan et Mayotte rendu d’année en année plus périlleux par les contrôles renforcés par radars et embarcations de police ou de gendarmerie spécialisées ?
Nous ne sommes pas en mesure de répondre. Mais il est clair qu’ils sont beaucoup plus nombreux que ceux qui ont été repérés et relayés par la presse.


28 octobre 2010 : encore un kwassa à Kani-Keli, deux noyées et un enfant disparu

Article de Malango Actualité, "Encore un accident de Kwassa à Kani Kéli !, par Eric Tranois

EXTRAIT : Jeudi, vers 17h00, une embarcation comptant une trentaine de personnes à son bord a fait naufrage en tentant de passer la barrière au large de Kani-Kéli, à l’extrémité sud de Mayotte.
Deux bateaux de l’élément de la base navale de Mayotte et un hélicoptère de la gendarmerie ont entamé des recherches facilitées par l’heure inhabituellement précoce. D’ordinaire, les kwassas préfèrent arriver de nuit à Mayotte. L’hélicoptère a pu mettre à l’eau un canot permettant le sauvetage de vingt-huit personnes.
Selon des témoignages recueillis par les équipes de secours, les passagers auraient été au nombre d’une « trentaine ». Deux femmes n’ont cependant pas pu être sauvées et sont décédées, alors qu’un bébé serait porté disparu.
« Les rescapés ont été évacués au centre hospitalier de Mayotte et ont pu être pris en charge par une cellule d’urgence médico psychologique ».
La côte Sud de Mayotte est la seule qui ne soit pas encore couverte par un radar. Les passeurs sont donc tentés d’utiliser cette route pour déjouer la surveillance qui s’exerce sur les autres côtes protégées par une couverture radar. Nicolas Sakozy a confirmé la construction imminente d’un quatrième radar pour couvrir cette zone lors de sa visite éclair à Mayotte en janvier dernier. Cette route est pourtant particulièrement dangereuse en raison de la barrière de corail -de plus très éloignée de la côte- et de la présence de nombreux récifs.


30 mai 2010 : deux kwassa-kwassas, un naufrage et une disparition

Article publié par la gazette des Comores, le 9 juin 2010 par Naouir Eddine Papamwegne

Après 2009 on n’entendait presque plus parler de naufrage de kwassa-kwassa, les candidats à la traversée clandestine vers Mayotte renouent avec les drames en mer. Depuis une semaine des familles de Domoni et Nioumakelé pleurent la perte de leurs proches suite au naufrage d’un kwassa-Kawassa parti de Nioumakelé le dimanche 30 mai pour Mayotte.
L’embarcation n’a donné aucun signe jusqu’à mercredi dernier lorsque des corps des victimes ainsi que des sacs appartenant aux passagers ont été repêchés par des pécheurs qui revenaient du Nord de Madagascar.
L’accident aurait fait une trentaine de morts d’après les témoins qui ont assisté au départ du Kwassa, qui parlent de trente personnes à bord, des hommes et des femmes.

Une autre embarcation partie le même jour, cette fois ci à Domoni ne donne pas de signe de vie jusqu’à maintenant. Et l’on s’inquiète. Celle-ci aurait transporté 27 passagers plus les trois passeurs. Certaines rumeurs indiquent qu’elle a été retrouvée avec ses passagers à bord près d’une petite île malgache, Nosy-Lava, qui se trouve près de Nosy-be.
Mais les familles des passagers restent sceptiques d’autant plus qu’aucun d’entre les passagers n’a contacté ses proches. A Domoni inter, une station de radio qui se trouve à Domoni, un des journalistes confirme avoir reçu, le lundi après-midi soit le lendemain du départ du Kwassa, un message instantané envoyé sur l’adresse msn de la station par un ancien animateur de la radio qui fait partie des passagers, indiquant qu’il est « à Madagascar » sans plus de détails.

Jusqu’ici, rien n’a été entrepris par les autorités de l’île pour identifier l’endroit où se trouvent ces malheureux. Les proches des disparus attendent toujours des nouvelles. Rappelons que 3 départs de kwassa sur 4 qui se font à Anjouan sont connus par certaines autorités ou enregistrés quelque part par les responsables des « agences » clandestines.
A chaque fois qu’un accident survient en mer, les autorités édictent des mesures qui ne sont jamais appliquées. Pendant ce temps, les autorités comoriennes indexent le gouvernement français de ne pas délivrer les visas. L’ouverture du Consulat de France à Anjouan a été accueillie avec un soulagement dans l’île. La délivrance des visas dans l’île avait contribué à diminuer les accidents en mer. Mais voilà qu’on renoue avec la situation d’avant.

7 mars 2010 : neuf victimes, cinq bébés et quatre femmes

  • Communiqué de la préfecture - Malango actualité, 7 mars
    Dans la nuit de samedi à dimanche, un kwassa a fait naufrage sur le récif au large de Kani Kéli, faisant, selon un premier bilan, 9 victimes et 24 rescapés, selon un communiqué de la préfecture de Mayotte.
    «  L’alerte a été donnée à 3h30 par un pécheur qui venait de recueillir 5 naufragés. Aussitôt, Les navires "Odet" de la gendarmerie maritime et "Makini" de la police aux frontières (PAF) déjà en mer, se sont rendus sur les lieux et ont permis le sauvetage de 24 naufragés. Ces moyens ont rapidement été renforcés par un navire supplémentaire et l’hélicoptère de la gendarmerie ».
    La préfecture informe les familles des victimes qu’une cellule d’aide psychologique a été mise en place par la DASS au centre de rétention administrative (CRA).
  • Le dernier naufrage au large des côtes mahoraises a fait neuf victimes, dont 5 bébés. La plupart des survivants sera expulsée dans les jours à venir-Malango actualité, 9 mars
    Cinq bébés et quatre femmes. Voilà le triste bilan d’un naufrage de kwassa-kwassa qui a eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi, au large de Mayotte. C’est dans le Sud, vers Kani Kéli, qu’un pêcheur a pu sauver cinq personnes victimes de ce naufrage avant de donner l’alerte aux autorités.
    Deux navires, le "Odet" de la gendarmerie maritime et le "Makini" de la police aux frontières se sont immédiatement rendus sur les lieux afin de rechercher d’éventuels survivants. Avec l’aide de l’hélicoptère de la gendarmerie, ils ont ainsi pu repêcher 19 nouveaux rescapés. Au total, ce sont donc 25 personnes qui ont pu être sauvées. Ce qui ne fait qu’alléger le terrible bilan.
    Sur les 25 rescapés, 10 ont été hospitalisés au service des urgences du CHM. Et, selon une source préfectorale, en sortir librement. Les autres n’auront pas eu cette chance, puisqu’ils ont immédiatement été conduits au centre de rétention administrative et devraient être expulsés dans les prochains jours. "Ils seront gardés le temps de l’enquête" explique la Préfecture.

23 novembre 2009 : 21 victimes

Voir :


12 octobre 2009 : 7 victimes

  • Communiqué de la préfecture repris par Malango actualité
    L’alerte a été donnée à 7h15 locales et « l’ensemble des moyens nautiques de l’Etat (PAF, Gendarmerie, Gendarmerie maritime et ELBN), ainsi qu’un moyen aérien », ont alors été envoyés pour porter secours aux naufragés, précise le communiqué.
    Le bilan provisoire fait état de sept victimes retrouvées, quatre femmes et trois enfants, au large de la pointe Kani-Kéli, à la pointe Sud de Mayotte.
    En milieu d’après-midi, les recherches se poursuivent, mais, précise la préfecture, « les chances de retrouver des survivants sont minimes ».
    « La gendarmerie a entamé les démarches d’identification des victimes et la section de recherche a été saisie. Les modalités d’identification des corps par les familles seront mises en place et communiquées dès que possible », poursuit le communiqué.

1er septembre 2009 : 6 morts, une vingtaine de disparus

Un kwassa a chaviré dans la nuit de lundi à mardi au large d’Anjouan, avec à son bord une quarantaine de personnes. Hier soir, le bilan provisoire faisait état de six morts, dont un garçon d’un an, neuf rescapés, sauvés par les pêcheurs partis à leur rescousse, et une grosse vingtaine de disparus. La plupart des victimes sont originaires d’Anjouan et de la Grande Comore.

La barque a sombré à quelques centaines de mètres seulement de la côte, à cause des conditions météorologiques, affirme-t-on à Domoni. « La mer est très agitée en ce moment. Même les pêcheurs ne sortent pas », indique un habitant de cette ville joint par téléphone hier.


7 Juin 2009 : 2 morts, 34 disparus

  • Mayotte/Comores : naufrage d’un kwassa, 2 morts, 34 disparus - Malango actualité
    Avec la saison sèche et le retour des alizés, vont revenir également les accidents de kwassa-kwassa entre Anjouan et Mayotte. Mardi, selon le journal gouvernemental comorien Al Watwan, ce sont 36 victimes qui ont été dénombrées lors d’un naufrage.
    La petite embarcation de résine aurait pris la mer sur la côte de Hamshako avec, à son bord, trente-six passagers candidats à l’émigration vers Mayotte. Les barques utilisées sont prévues pour huit personnes. Outre la surcharge, habituelle pour ces traversées, « l’adjudant Djaanfar pense que Radami, le pilote qui avait été choisi pour cette traversée, était un étranger de la région et ne maitrisait donc pas sa géographie ».
    « Il a dû se méprendre sur le bon cap à suivre, après avoir parcouru une distance d’un ou deux kilomètres ». La barque aurait, selon le constat du gendarme, heurté un rocher, après avoir fait demi-tour. Une hypothèse difficile à vérifier puisqu’il n’y a eu, pour l’instant, aucun survivant.
    Le journal précise que « les corps inertes de Soulé M’manga, originaire de Hadda à Ndzuani, et Atiki, de Mdjwaezi-Hambu à Ngazidja, sont les seuls qui ont été repêchés jusqu’à présent [...] Tous deux ont été enterrés mercredi après-midi dans la même localité ».
    L’accident a été signalé à la gendarmerie mercredi à l’aube, d’après l’adjudant Youssouf Djaanfar de la gendarmerie de Mremani. « Pourtant, jusque tard dans l’après-midi, ni le chef du commandement régional de la gendarmerie, ni le ministre de l’Intérieur de l’île n’étaient au courant de rien » affirme le journal. C’est auprès du journaliste venu l’interroger sur ce nouvel accident que ce dernier aurait appris la nouvelle et se serait écrié "Oh ! Ces gens-là n’écouteront jamais personne ! On livre une chasse acharnée contre eux et malgré tout, c’est le drame à répétition tous les jours ! ».
    L’article se termine sur ce témoignage d’une mère « d’une dizaine d’enfants » qui justifie ces traversées à haut risque. « Je m’étais déjà rendue à Mayotte une première fois à cause de la misère qui frappait ma famille. J’ai fait quelques années et suis retournée chez moi à Ndzuani [Anjouan]. J’ai constaté que la situation s’était plutôt empirée. Actuellement, je suis marchande d’arachides et de beignets, juste pour reconstituer mon billet retour à Mayotte. Personne ne pourra me retenir dans ce pays ! »
    Chaque année, les accidents de kwassa-kwassa entre Anjouan et Mayotte font plusieurs dizaines de victimes. Un organisme, aujourd’hui disparu, l’observatoire de l’émigration clandestine anjouanaise, en dénombrait 407 entre juillet 2000 et février 2002, soit plus de 200 victimes avérées par an, soit un pour mille de la population anjouanaise !
    Malgré la sévérité de la politique d’immigration à Mayotte et le renforcement des moyens mis en place pour lutter contre l’immigration clandestine à Mayotte depuis plusieurs années, le rythme des traversées ne semble pas s’être ralenti.

Voir à ce sujet :