Union des Comores : discours à la Nation du Président de la République, à l’occasion de la Fête Nationale

5 juillet 2014
samedi 5 juillet 2014

L’accord franco-comorien sur la circulation des personnes attendra mais la coopération contre les "déplacements non autorisés des populations entre les îles de l’archipel des Comores" continue.


Discours à la Nation de S.E.Dr IKILILOU DHOININE Président de l’Union des Comores à l’occasion de la Fête Nationale

Beit Salam, le 05 juillet 2014

Comoriennes et Comoriens,
Mes Chers Compatriotes,
السلام عليكم ورحمة الله وبركاته_

Il y a 39 ans, le Peuple comorien, accédait à l’indépendance après plus de 150 ans de colonisation française.
En effet, de la République Démocratique, Laïque et Sociale de 1976 à 1978, de la République Fédérale et Islamique de 1978 à 2001 et de la République de l’Union des Comores à nos jours, notre pays, les Comores, célèbre aujourd’hui ses trente neuf ans d’existence en tant que pays souverain, membre à part entière du concert des Nations libres.
Les évolutions qui ont jalonné le monde jusqu’aujourd’hui, devraient logiquement nous conduire, dans un petit pays comme le nôtre, à orienter nos efforts exclusivement vers le développement, en saisissant les opportunités de la mondialisation à la portée de tous, mais surtout en engrangeant un dynamisme sans précédant de tout un Peuple qui a rendez-vous avec son histoire.
Personne n’ignore ce qu’a été la vie des Comoriens durant ce quart et demi de siècle de prise en mains, par les enfants de ce pays, de leur propre destinée.
Certes, beaucoup d’espaces nous ont offert l’occasion, ici et là, de débattre, sans réels approfondissements, sur le bilan de la gestion de cette période de notre histoire contemporaine.
De tels échanges étaient et sont encore nécessaires et devraient être encouragés, ne serait-ce que pour fructifier la démocratie. Cela permettra toujours de situer les responsabilités de chacun de nous : Etat, acteurs politiques, acteurs de la vie socio-économique ou encore citoyens tout court.

Toutefois, nous devons pouvoir nous interroger sur l’histoire en marche de notre pays, sur le choix fait, sur le chemin emprunté depuis trente neuf ans, sur les méthodes de gestion adoptées depuis, et sur les ajustements à opérer, aujourd’hui et demain, pour garantir le mieux-être de nos concitoyens.
C’est là une démarche d’autant plus indispensable que l’avenir est déjà là et que ce monde de la globalisation, qui nous invite à plus de vigilance, exige de notre part, une plus grande maîtrise du terrain de notre action. C’est, mes Chers Compatriotes, la condition pour assurer à nos efforts communs un maximum de succès.
Mais sans qu’il soit besoin d’attendre ce jugement de l’histoire et des historiens, le présent nous interpelle d’urgence, à positionner notre démarche au regard des évolutions récentes qui, désormais, ont mis fin à la division du monde en deux blocs pour en faire un monde unipolaire où les Etats que nous sommes, avons l’obligation de construire des Nations entièrement et complètement libres.
Pour les États que nous sommes, une des conditions nécessaires et obligatoires pour faire partie du monde moderne, est la consolidation de l’Unité, la promotion de la démocratie et le respect des libertés individuelles et collectives, la sauvegarde des frontières nationales pour la sécurité des personnes et des biens.
Ces sont là d’une manière non exhaustive, les éléments constitutifs pour la réussite de la mission de l’homme en général sur terre.

Mes Chers Compatriotes,

Vous conviendrez avec moi donc, qu’il était nécessaire pour moi, à la veille du 40ème anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance, de chercher à faire bouger les lignes, dans tous les domaines et dans tous les sens.
Aujourd’hui notre pays reprend peu à peu et sûrement la place qui est la sienne dans le concert des Nations pour avoir rempli ses engagements vis-à-vis des institutions financières internationales et vis-à-vis de ses partenaires au développement.
Il est donc de notre devoir à tous de redoubler d’efforts dans les différents départements ministériels de notre pays afin que ces acquis puissent être consolidés et pérennisés.
Mais nous devons surtout veiller à ce que la paix et la stabilité qui nous ont permis d’obtenir ces résultats positifs puissent être préservés car elles sont les garants du développement de notre pays.
En effet, notre pays n’a pas besoin de tiraillements, il n’a pas besoin de querelles, il a plutôt besoin d’unité, de cohésion nationale, de débats constructifs et de synergies pour pouvoir appréhender l’avenir avec sérénité.

Comme vous le savez, pour la première fois, dans l’histoire de notre pays, nous allons accueillir un Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement.
Cet honneur qui nous est fait, témoigne de la grande confiance que notre pays a pu obtenir sur la scène internationale.
Nous devons alors saisir cette grande opportunité pour nous approprier ce Sommet et faire en sorte que ce rendez-vous soit un grand succès. Par ailleurs, notre pays a entamé la première phase qui consiste à mettre en place la législation relative à l’exploration, à la recherche et à l’exploitation de nos ressources naturelles notamment dans notre sous sol marin.
C’est une autre étape importante dans l’histoire de notre pays qui demande notre accompagnement à tous.
Toutefois, tout en étant optimistes nous devons également être réalistes car il s’agit d’un très long processus qui demande de la patience et surtout de la vigilance, pour que ces fruits ne soient pas source de discorde et de conflits, dans le futur.

Je voudrais enfin et surtout vous dire, Chers Compatriotes, que notre pays a beaucoup de chance. Aujourd’hui plus que jamais, son avenir s’annonce brillant ; alors nous devons faire preuve de plus de civisme, de patriotisme et de nationalisme, pour que tous les projets majeurs que nous avons initiés, puissent se concrétiser.
En effet, nous devons, chacun en ce qui le concerne, donner le meilleur de nous même pour contribuer à cet élan de développement amorcé par le gouvernement, pour que demain, nous soyons tous fiers d’avoir contribué à la prospérité de notre pays.
Dans peu de temps, Mes Chers Compatriotes, les travaux pour que notre pays bénéficie d’une électricité suffisante et moins chère, débuteront aussi, ce qui nous permettra de relancer l’économie nationale.
Le Ministère en charge de l’Energie est en pleine prospection également pour le développement des énergies renouvelables ce qui nous permettra de résoudre l’épineuse question de l’énergie dans notre pays de façon durable.

Mes Chers Compatriotes,

Quelque soit notre détermination même avec votre soutien total dans la réalisation des objectifs que le Gouvernement de la République s’est fixé dans son dernier séminaire, sans une sécurité sans faille et une justice qui rassure, il nous sera toujours impossible de réussir.
Je voudrais donc vous rassurer que le département de la justice chargé des droits de l’homme, a entamé depuis une année des réformes liées à notre législation pénale ainsi qu’aux procédures suivies en elle pour rendre davantage notre justice respectueuse des droits humains.

Mes Chers Compatriotes,

Ce mois de juillet 2014 revêt un caractère particulier surtout en ce qui concerne notre diplomatie.
_Je viens de ratifier un accord important en matière de coopération militaire avec les États-Unis d’Amérique.
Les Comoriens constatent chaque jour l’intensité de notre coopération particulière avec deux pays membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU, à savoir la France et les États-Unis d’Amérique.
Cette vitalité de notre diplomatie est due, en premier, à notre persévérance à promouvoir une gestion saine de notre pays en adoptant des mécanismes créant des conditions nécessaires de transparence.
Ensuite, elle est due au fait que nous avons su rectifier notre positionnement géopolitique en mettant en avant les intérêts supérieurs du pays et non ceux des puissances étrangères dont nous ignorons les véritables visées.

Le seul grand problème reste toujours la question de notre indépendance inachevée et qui constitue un différend territorial désagréable entre les Comores et notre principal partenaire, la France.
Il s’agit et vous l’avez certainement compris de l’épineuse question de l’île comorienne de Mayotte.

Comme vous le savez, après la déclaration de Paris que nous avons signées avec le Président François HOLLANDE, nous avons mis en place le Haut Conseil Paritaire (HCP).
Ce Haut Conseil s’est déjà réuni à Paris et aurait dû se réunir ici aux Comores le mois de mai.
La partie française qui avait soumis un projet d’accord sur la circulation des personnes dans l’archipel des Comores, devrait répondre à la contre proposition comorienne.
Toutefois, s’agissant de la tenue à Anjouan de la réunion du Haut Conseil, c’est seulement tardivement que la partie comorienne a reçu les propositions de la partie française.
Les deux parties, en commun accord, ont décidé de continuer à échanger et projettent de se retrouver dans les mois à venir, pour tenir la réunion du Haut Conseil Paritaire.

Mes Chers Compatriotes,

Au-delà de cette question principale de la circulation des personnes entre nos îles, nous avons l’obligation, la France et Nous, nous avons l’obligation, disais-je, de mettre toute->http://www.alwatwan.net/index.php?home=actu.php&title=Discours-A-la-Nation-du-PrA-sident-de-la-Union-des-Comores-A-la-occasion-de-la-FA-te-Nationale&actu_id=6750 notre intelligence à contribution pour stopper les drames humains quotidiens entre nos îles notamment entre Anjouan et Mayotte.
Il est clair qu’il est paradoxal de chercher les voies et moyens devant contribuer au renforcement des liens culturels, cultuels, de liens de sang, de liens tout simplement naturels entre des hommes et des femmes qui forment un même peuple, pour leur bien-être, mais en même temps créer des barrières artificielles entre eux !
Le Gouvernement comorien de son côté, réaffirme son engagement à décourager tous ceux qui mettent en danger la vie des autres pour gagner de l’argent derrière leurs malheurs.
Nous demandons justement l’accompagnement des autorités françaises qui doivent comprendre que la barrière doit enfin tomber ce qui nous donnera tous les moyens de lutter efficacement contre les déplacements non autorisés des populations entre les îles de l’archipel des Comores.
Comme je vous l’ai déjà dit maintes fois, je crois aux vertus du dialogue, je fais confiance à la négociation et je suis convaincu qu’avec les autorités françaises, nous progresserons dans la bonne voie, celle des retrouvailles entre comoriens.
Je formule donc le vœu, avant de clore mon propos, de voir un jour les Comoriens des quatre îles se réconcilier. A cet effet, il incombe à notre partenaire la France de jouer le rôle de facilitateur. C’est là son devoir.

Vive la République, Vive les Comores, Bonne fête, Je vous remercie.

Retrouver ce texte dans le journal El Watwan du 7 juillet 2014