Visite officielle du Président de l’Union des Comores en France - 19 au 21 juin

jeudi 20 juin 2013


La visite officielle

Le 21 juin à 14h15, le Président de l’Union des Comores, Ikililou Dhoinine sera reçu par François Hollande à l’Élysée. Au cours de l’entretien, il devrait surtout être question de Mayotte
Mayotte sera vraisemblablement au cœur de la discussion que vont avoir le Président comorien et son homologue français pour leur première rencontre officielle. Ce sujet, sensible s’il en est, aura nécessité pour sa préparation plusieurs allers et venues du Directeur de Cabinet du Président Ikililou, Hamadi Madi Boléro. Il s’est rendu en France au moins à deux reprises et a expliqué sur l’antenne de l’ORTC (Office de radio et télévision des Comores) que le Président avait toute latitude pour négocier et signer des traités et accords avec tout pays.

Le Comité Maoré, groupe activiste défendant fermement la thèse de ’’Mayotte Comorienne’’, craint que cette réunion aboutisse à officialiser du côté comorien la séparation de Mayotte du reste de l’archipel. « Signera-t-on des textes ou se contentera-t-on de déclarations formelles sur le perron de l’Elysée ou de communiqué laconique à la presse ? », s’interroge-t-il.
Les deux Présidents vont donc se trouver confrontés à la difficulté de passer au-delà du contentieux pour parvenir au minimum à une déclaration commune. Reste à voir si l’on restera dans le discours diplomatique convenu ou si un réel changement de position sera engagé. Une première mouture aurait été soumise à Ikililou Dhoinine mais « les termes du contrat trop rugueux sur la question de l’île comorienne n’auraient pas obtenu l’assentiment du Président » avance le Comité Maoré.
Il fustige également la diplomatie française qui « met les bouchées doubles pour contraindre par tous les moyens, Ikililou et son gouvernement à accepter sous une forme ou une autre le fait accompli français à Mayotte » avant la rupéisation de Mayotte. Il demande même que soit prise « une résolution qui condamnera clairement et fermement la départementalisation et la ruipéïsation de l’île comorienne de Mayotte » lors de la prochaine assemblée générale de l’ONU.

Autre sujet au menu de cette rencontre : l’enquête en cours à propos de la tentative avortée de coup d’état d’avril dernier. La Cour de Sûreté de l’État comorienne a officiellement demandé à la justice française d’entamer une procédure à l’encontre des présumés participants à la préparation du putsch. Il est probable que ce sujet ne peinera pas à faire consensus.

A la tête d’une forte délégation, le président comorien Ikililou Dhoinine, est arrivé à Paris hier pour une visite officielle de trois jours. Plusieurs rencontres sont prévues à son agenda durant son séjour parisien.
Parti de Moroni la veille, l’avion du président de l’Union des Comores a atterri à Paris mercredi après midi. Le Dr Ikililou Dhoinine effectue une visite d’Etat de trois jours en France en compagnie d’une forte délégation composée notamment de son directeur de cabinet chargé de la défense, du vice-président en charge des finances, du ministre de l’éducation nationale ainsi que du ministre des relations extérieures, révèle La Gazette des Comores.
A son arrivée à l’aéroport, le chef de l’Etat comorien a été reçu par un important comité d’accueil formé entre autres par le président de l’association Groupe d’amitié France-Comores, le député Daniel Golbert, ainsi que l’ambassadeur des Comores en France, Ahmed Bourhane, et l’ambassadeur des Comores en Belgique, Ali Said Mdoihoma.
_ L’agenda du président comorien s’annonce chargé durant son séjour sur le sol français. Dès mercredi après midi, il a déjeuné à l’hôtel de l’Assemblée française en présence de l’ambassadeur de France auprès de l’Union des Comores et l’ambassadeur chargé de la coopération de l’Océan Indien, Philippe Leyssenne.
Le lendemain, « le président de la république rencontrera des entrepreneurs français jeudi matin », confie à La Gazette des Comores une source proche de la délégation, qui a souhaité garder l’anonymat.

Officiellement, le président des Comores doit également rencontrer le ministre de l’intérieur français, Manuel Valls, ce jeudi après-midi. Puis vendredi matin, il aura rendez-vous avec la directrice de l’Agence Française de Développement (Afd), Anne Paugan, avant de s’entretenir en fin de matinée avec le secrétaire général de l’organisation internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf.
Enfin, c’est vendredi après-midi à 14 heures tapantes qu’Ikililou Dhoinine sera reçu par son homologue français François Hollande au palais de l’Elysée. Comme annoncé, les deux hommes vont parler du brûlant dossier de Mayotte.
A l’issue de ce tête-à-tête, « Il est prévu que le président de l’Assemblée française (Claude Bartolone, ndlr) rencontrera le président des Comores, ce vendredi même », selon toujours la source de La Gazette des Comores. A la clôture de sa visite, « un point de presse est supposé avoir lieu ce vendredi de la part du président des Comores ». Avant son retour au pays, il ira à la rencontre de la diaspora comorienne à Lyon.

[...] Les Comores, en dépit des crises de tout genre qu’elles ont traversées depuis leur accession à l’indépendance le 6 juillet 1975, sont déterminées à faire en sorte qu’avec la France, partenaire historique et privilégié, le bon sens, l’objectivité et le pragmatisme, leur permettent d’affronter ensemble les défis auxquels le monde mais encore la région Sud-ouest de l’océan indien, sont confrontés.
Entre deux pays amis qui partagent les mêmes valeurs universelles de droit, il est inconcevable qu’un différend territorial pourtant né au mépris du droit international et de toute autre considération humaine, puisse constituer une atrophie de leur relation.
Le moment est donc venu pour qu’ensemble, Comoriens et Français, trouvions une solution juste et équitable pour mettre fin à cette situation inconfortable pour nous deux pays.

[...] En acceptant avec un très grand intérêt l’invitation qui m’a été faite par Son Excellence François HOLLANDE, Président de la République Française, j’ai pensé à ces dizaines de comoriens qui périssent quotidiennement en mer lors de la traversée dangereuse du bras de mer entre Anjouan et Mayotte.
Aussi, j’ai pris en compte tout le parcours que mon pays a fait depuis 38 ans d’indépendance inachevée, des années durant lesquelles le Peuple Comorien est sorti meurtri et traumatisé par des déstabilisations avec des fins tragiques, les assassinats des deux de nos Présidents.
A chaque fois, les Comoriens se sont retrouvés dans la nécessité d’imaginer un nouveau cadre institutionnel, complexe, pouvant répondre au mieux, à leurs légitimes aspirations.

Toutefois, au même moment, Madame la ministre, votre pays, la France, membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU, n’a jamais accepté l’application intégrale de la Résolution N° 33-85 de l’Assemblée Générale de l’ONU, relative à l’admission de l’archipel des Comores composé de Mayotte, Anjouan, Mohéli et Grande-Comores, à l’indépendance. [...]

Et enfin, j’ai pensé à notre communauté linguistique et culturelle, la Francophonie, ce formidable instrument qui nous unit tous autour d’une langue, d’une culture et autour des valeurs communes et universelles de paix, de concorde et de solidarité auxquelles le Peuple Comorien est attaché profondément.

C’est pour tous ces éléments que les Comores sont disposées, comme vous le savez, à travailler en bonne intelligence, avec votre pays, pour mettre fin aux anomalies historiques dès lors que nous nous mettons enfin d’accord sur l’essentiel : travailler pour le bien-être des habitants des quatre îles de l’archipel des Comores. Un objectif noble et conforme surtout à nos prescriptions religieuses, d’un Islam Sunnite que nous ont léguées nos parents.
Avec le Président François HOLLANDE, je suis presque certain, que nous partageons cette même vision humaniste, celle de considérer le monde, les hommes qui le peuplent, ainsi que les conditions dans lesquelles ils vivent comme notre seule source d’inspiration.
[...] Je voudrais enfin, avant de terminer mon propos, louer les efforts inlassables fournis par nos deux délégations, leurs responsables de deux côtés, pour cette refonte de notre relation bilatérale et les encourager à poursuivre ce travail inlassable nécessaire pour que vive l’amitié et la coopération entre les Comores et la France.


La genèse de ce voyage

Relations politiques
Tout en s’opposant sur la question de l’île de Mayotte, sur laquelle chacun des deux pays revendique la souveraineté, la France et les Comores restent des partenaires privilégiés, comme en témoignent les très nombreux citoyens binationaux.
En 2007, les présidents Sarkozy et Sambi se sont entendus pour dépasser le conflit de souveraineté sur Mayotte et se concentrer sur le développement harmonieux des quatre îles de l’archipel géographique, au bénéfice des populations. Ils ont ensemble créé le Groupe de Travail de Haut niveau (GTHN), instance franco-comorienne ayant pour objectif de rédiger un accord sur l’insertion de Mayotte dans son environnement géographique.
En 2009, à l’approche de l’organisation du référendum sur la « départementalisation » de Mayotte (29 mars 2009), les relations entre la France et les Comores se sont tendues et le Chef de l’Etat comorien a préféré suspendre les travaux du GTHN.
Cependant, depuis la prise de fonction officielle du président Ikililou, le 26 mai 2011, les relations entre la France et les Comores sont très bonnes et les deux pays s’attèlent à nouveau à rechercher un accord sur l’insertion de Mayotte dans son environnement géographique intégrant notamment des dispositions en matière de circulation des biens et des personnes.
La finalisation de la négociation du traité devrait intervenir prochainement. Le Président de la République a récemment indiqué à son homologue comorien, qu’il serait heureux de l’accueillir à Paris en 2013 pour la signature du traité.

D’autres rencontres
Du 11 au 18 février 2011, le président élu, Ikililou Dhoinine, a effectué sa première visite en France depuis son élection, à titre privé, alors qu’il n’avait pas encore été investi dans ses fonctions présidentielles. Il a été reçu par le ministre d’Etat, Mme Alliot-Marie, par le ministre de la Coopération, M. de Raincourt, et s’est par ailleurs entretenu avec le conseiller diplomatique adjoint du Président de la République.
Le ministre des Relations extérieures et de la Coopération, chargé de la Diaspora, de la Francophonie et du Monde arabe, Mohamed Bakri Ben Abdoulfatah Charif, a été reçu à l’Elysée et au Ministère des affaires étrangères à plusieurs reprises depuis sa prise de fonction.
Par ailleurs, le Président de la République a rencontré le président comorien à Kinshasa, en marge du sommet de l’OIF en octobre 2012.
En marge du 14ème sommet de la Francophonie de Kinshasa au Congo, le 13 octobre 2012.

  • L’histoire classique des étapes vers un accord de gestion des flux migratoires

L’embellie des relations franco-comoriennes
un accord de défense et des petits accords de développement.

Le contexte récent