La préfecture a suspendu les expulsions de clandestins brésiliens vers Macapá et Belém, pour un mois. Les raisons seraient électorales, diplomatiques et légales.
Les expulsions de clandestins brésiliens vers Macapá, Belém voire Manaus auraient- elles du plomb dans l’aile d’avion ? Présentées comme une parade au retour trop rapide des clandestins, elles sont suspendues pour quelques semaines.
Cette information n’est pas confirmée par la préfecture, qui garde le silence sur le sujet.
Les expulsions par voie aérienne sont suspendues depuis jeudi dernier, pour un mois à cinq semaines, selon plusieurs sources. Il s’agirait d’une « consigne du préfet » , indique un spécialiste du dossier. Seuls quelques cas isolés pourraient être expulsés vers Macapá et Belém. Les expulsions vers Manaus ont été abandonnées dès le premier essai : trop cher.
Pour Belém et Macapá, la première raison a trait aux élections brésiliennes. Le Brésil souhaite favoriser les déplacements de ses citoyens, les jours de vote. La consule générale du Brésil en Guyane, Ana Beltrame, émet l’hypothèse que la France ait fait un geste diplomatique pour faciliter aussi les allées et venues des électeurs brésiliens.
Les autorités de l’Amapá et du Pará n’apprécient plus, non plus, de voir arriver des expulsés qui, pour certains, n’ont jamais mis les pieds dans leur ville. Cela d’autant qu’il y en a de plus en plus. Ils l’ont dit aux autorités françaises et à Ana Beltrame.
La troisième raison est plus délicate. France et Brésil ne sont pas d’accord sur la légalité des reconduites ailleurs qu’à Oiapoque. « On reconnaît le droit aux autorités étrangères de conduire des Brésiliens en situation illégale à la ville la plus proche de la frontière, donc ici, Oiapoque. Là, on ne sait pas si les reconduites vers d’autres villes, sur Belém par exemple, sont légales ou pas. Il y a un doute. C’est une question d’interprétation », poursuit la consule du Brésil.
Côté français, un fonctionnaire assure qu’un accord signé en 2006 « permet les reconduites à Macapá, Belém et Manaus. Cela est contesté au niveau local, mais pas à Brasilia. On a suspendu parce qu’on le veut bien. »
Un fonctionnaire brésilien le conteste : « Le texte de 2006 ne donne aucune autorisation. Il n’a pas été bien écrit et ne reflète pas les discussions de l’époque. » Selon lui, la préfecture « se donne le temps de la réflexion ». Cette réflexion pourrait aboutir le 12 octobre. Un groupe de travail sur les migrations entre la France et le Brésil se réunira à Rio.
Information transmise par l’OIP, section française