Pas de regroupement familial pour les enfants haïtiens isolés à Port-au-Prince

"Haïti, les oubliés", Zoé Varier, France inter 1er octobre
vendredi 1er octobre 2010

Haiti : les oubliés - la suite

Émission de Zoé Varier - France inter, vendredi 1er octobre 2010

Présentation
C’est une histoire d’Haïtiens parmi d’autres. Une histoire comme il y en a des milliers depuis le séisme de janvier dernier.
Jean-Verna Astreide est haïtien en situation régulière, il vit dans la banlieue de Paris, avec sa compagne Odile, une française, avec qui il a un enfant.
En Haïti, Jean-Verna a trois enfants d’un précédent mariage. Leur mère a disparu pendant le tremblement de terre, et depuis 9 mois, Jean-Verna se bat pour faire venir ses trois fils sur le territoire français.
Dés le mois de janvier, tout de suite après le séisme, Jean-Verna avait demandé un regroupement familial d’urgence, ses conditions de ressources avaient été examinées, son appartement visité, pour vérifier qu’il disposait d’assez de mètres carrés pour accueillir ses enfants. Et puis plus rien, plus de nouvelles. C’est à ce moment là que je les avais rencontrés, Odile et lui, c’était en Mai dernier, vous en souvenez peut-être, ils attendaient la réponse de la préfecture à leur demande de regroupement familial. En attendant, les trois garçons de 6, 14 et 15 ans vivaient dans un centre d’hébergement géré par la Croix Rouge.
Le 30 Juin dernier, ils ont enfin reçu la réponse de la préfecture de l’Essonne, le préfet refusait leur demande de regroupement familial, leur appartement était trop petit de 6m 2 et les ressources de Monsieur étaient soi-disant insuffisantes. Odile et Jean-Verna n’ont pas accepté les raisons de ce refus, ils ont décidé de prendre un avocat et de faire appel. Et cet été, le juge en référé du tribunal de Versailles a tranché en leur faveur, le préfet de l’Essonne a été enjoint d’examiner une nouvelle fois leur demande de regroupement familial et ce avant le 3 septembre.
C’est à ce moment là que j’ai décidé de suivre leur parcours, véritable parcours du combattant, pour faire venir ces 3 enfants en France. Pendant plus d’un mois, je les ai appelés chaque semaine, quelque fois plusieurs fois par semaine, pour connaitre les avancées de leur dossier.
Le 31 Août dernier, ils étaient optimistes, ils attendaient plein d’espoir la nouvelle réponse du préfet à leur demande de regroupement familial.

Avec la participation de Jean-Verna et d’Odile ainsi que de leur avocate, Dominique Monget-Sarrail


Émission de Zoé Varier - France inter, vendredi 28 mai 2010

Présentation
Le 12 janvier 2010 la terre tremblait en Haïti. Le secrétaire général de l’ONU déclarait : « c’est la plus grave crise humanitaire depuis des décennies ».
300 000 morts, 1 million de déplacés, 1,3 millions de sans abri. Les destructions dans le pays sont évaluées à 120% du PIB.

Le 14 Janvier, Éric Besson, ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement, décidait la mise en place d’un dispositif exceptionnel d’accueil des victimes en France :

  • allègement des conditions du regroupement familial,
  • facilités de délivrance des visas pour les visites familiales,
  • exonération de visa et d’autorisation de séjour pour les personnes nécessitant des soins.

Le 14 Janvier, Mr Besson donnait aussi l’ordre à ses services de suspendre immédiatement toutes les procédures de reconduite à la frontière des haïtiens en situation irrégulière sur le territoire français.
« La réaction de la France doit être à la hauteur de sa tradition républicaine d’accueil, de solidarité et d’humanité et des liens historiques et culturels qu’elle entretient avec le peuple haïtien. Dans des circonstances aussi effroyables et douloureuses, tous nos efforts doivent se concentrer sur l’aide aux Haïtiens, déclarait le ministre ».

Quatre mois après le séisme, la situation humanitaire à Haïti reste celle de l’urgence.
Mais qu’en est-il du dispositif exceptionnel d’accueil des victimes et leurs proches en France ?

Cinq témoignages de familles haïtiennes de France

Avec des contributions de Nicole Launey (LDH) et de Judith Duperoy (avocate).


Refus de visa à un jeune majeur, Wilky : RESF se mobilise, Besson hausse puis baisse le ton


Bientôt cinq mois après le séisme : à l’écoute de la colère et du désarroi des haïtiens de France

28 mai 2010 - Communiqué interassociatif : invitation à une conférence de presse avec des témoignages de Haïtiens de France

2 juin - Communiqué du ministère de l’immigration "Eric Besson tient ses engagements"

Extrait : Eric Besson tient ses engagements pour faciliter la venue de ressortissants Haïtiens, malgré l’impossibilité de délivrer des visas pendant une bonne partie du mois de février.
Par exemple, du 12 janvier jusqu’au 28 février (phase d’urgence) : le Ministère a recueilli 1646 dossiers de regroupement familial.
Les vols commerciaux ayant repris le 19 février et le consulat général de France à Port au Prince fonctionnant à nouveau pour la délivrance des visas depuis le 22 février, les venues d’Haïtiens sont à nouveau effectives : ce sont au 1er juin, 423 visas qui ont attribués au seul titre du regroupement familial. pour faciliter la venue de ressortissants Haïtiens, malgré l’impossibilité de délivrer des visas pendant une bonne partie du mois de février.

Lire le communiqué en Pdf

3 juin - Conférence de presse à l’assemblée nationale organisée A l’appel de la Plateforme des Associations Franco-Haïtiennes (PAFHA) avec le soutien de Anacaona, le collectif Haïti de France, le collectif Mom et RESF

AFP (3 juin 2010)

Les associations des Haïtiens de France ont dénoncé jeudi les "obstacles" mis par l’administration française au regroupement familial, notamment avec leurs enfants restés en Haïti, pays ravagé par le séisme de début janvier.

Les associations des Haïtiens de France ont dénoncé jeudi les "obstacles" mis par l’administration française au regroupement familial, notamment avec leurs enfants restés en Haïti, pays ravagé par le séisme de début janvier.
"Les promesses de M. Besson ont fait naître beaucoup d’espoir en France et en Haïti mais le parcours d’obstacles n’a pas cessé", a affirmé Romel Louis-Jacques, de la Plateforme d’associations franco-haïtiennes (PAFHA, 50 membres), au cours d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale.
Eric Besson avait annoncé en janvier, juste après la catastrophe, un "allègement" des conditions de regroupement familial, des "facilités" de délivrance de visas pour visites familiales ou, à titre humanitaire, une "accélération" du traitements des dossiers, entre autres.

Le ministère, dans un communiqué diffusé quelques heures avant cette conférence de presse, fait état de la réception de 1.646 dossiers de regroupement familial entre le 12 janvier et le 28 février, période qu’il qualifie de "phase d’urgence". Selon lui au 1er juin, 423 visas ont été attribués au seul titre du regroupement familial.
Mme Justina, Haïtienne titulaire d’une carte de résident, qui travaille et dispose d’un appartement de 70 m2, attendait depuis 2005 la venue de ses deux filles, après avoir reçu l’accord préfectoral. Mais toutes ses demandes de visas ont été rejetées depuis cette date. En janvier, sa cadette, Ronilde, est morte dans le séisme.
Quant à son aînée, Angie, elle ne peut toujours pas venir en France parce qu’elle est devenue majeure, malgré les démarches de sa mère entreprises depuis la catastrophe. "J’ai juste demandé que mon enfant soit à côté de moi, maintenant", a lâché Mme Justina.
 "Normalement, elle devrait pouvoir venir parce qu’elle était mineure quand sa mère avait déposé la demande", a souligné Me Judith Duperoy-Paour, avocate et membre de la PAFHA.

Jean-Luc Soublin est Français et le tuteur légal du fils de sa compagne haïtienne, décédée en 2007. Le jeune de 15 ans est à Port-au-Prince. "Il est tout seul, je n’arrive plus à joindre les voisins qui s’en occupaient. Il gratte les décombres pour se nourrir", a-t-il raconté.
Depuis le séisme, M. Soublin essaie de faire venir son beau-fils. "Le visa est refusé, on ne sait pas pourquoi. Et contrairement à ce qui est annoncé, on nous demande toujours de produire les originaux, mais ils sont sous les décombres !", a-t-il fait valoir.

Par ailleurs, M. Romel (PAFHA) a indiqué que "les rendez-vous à l’ambassade de France à Port-au-Prince s’obtenaient via une banque haïtienne - la Sogebank- qui prend des frais et ne délivre pas de reçu pour cet argent".

Selon des témoignages, chaque prise de rendez-vous serait monnayée "4 euros", "des frais qui s’ajoutent au prix du visa", a insisté M. Romel, qui déplore une "politique du double langage".

France 3 - 3 juin, reportage vidéo


"Abandonnés par l’État Français", Politis n°1106

Article de Clémence Glon - Semaine du 10 au 16 juin

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