CERD : observations finales sur les 20e et 21e rapports périodiques de la France

CERD/C/FRA/CO/20-21, 15 mai 2015
vendredi 15 mai 2015

Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD)

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Extraits

Peuples autochtones de la Guyane

12. Le Comité est préoccupé par :

  • a) le fait
    que le droit communautaire à la terre n’est
    pas reconnu à ces p
    euples
    autochtones
    et que le régime juridique d’usage des terres
    ancestrales détenues et utilisées par ces communautés depuis les temps immémoriaux ne
    leur permet
    pas
    de mener leur mode de vi
    e traditionnelle ;
  • b) les nombreuses difficultés
    quant à l’accès à l’éducation du fait notamment
    de
    l’éloignement des centres scolaires ;
  • c)
    le fait que ces populations ne jouissent pas pleinement de leurs droits au logement et
    rencontrent des obstacles
    à l’exercice de la liberté de circuler ;
  • d) les difficultés d’accès aux
    services publics, notamment en matière d’état civil
    et de justice ;
  • e)
    les conséquences
    négatives de l’orpaillage sur leur santé et leur environnement.

Le Comité
note
, en outre,
avec p
réoccupation les informations selon lesquelles les p
euples
autochtones ne sont pas
souvent consultées
sur
les
projets menés sur leurs territoires, notamment l’exploitation
minière. (art.5).

A la lumière sa recommandation générale no. 23 (1997) concernant
les droits des
peuples autochtones, le Comité recommande à l’État partie de :

  • a)
    E
    nvisager la reconnaissance des droits communautaires aux p
    euples
    autochtones, en p
    articulier le droit aux terres
    ancestrales détenues et utilisées par ces
    communautés depuis l
    es temps immémoriaux
    ainsi qu’
    aux ressources
    traditionnellement utilisées
    par elles ;
  • b)
    I
    ntensifier ses efforts afin de garantir une égalité de traitement avec le
    reste de la population, en ce qui concerne l’accès à l’éducation notamment dans les
    langues de
    ces populations
     ;
  • c)
    Faciliter et assurer
    la liberté de circul
    ation de ces populations et lever les
    obstacles à leur
    accès au logement, à aux services publics, en particulier à l’état civil et
    à la justice
    ainsiqu’
    aux soins de santé ;
  • d)
    T
    rouver des solutions du
    rables, y compris avec les pays voisins, propres
    à remédier aux conséquences de l’orpaillage sur la santé et l’environnement de ces
    populations
     ;
  • e)
    consulter
    et coopérer avec les peuples autochtones
    avant l’approbation
    de tout projet ayant des incidences sur
    l’utilisation de l
    eurs terres ou territoires et
    autres ressources.

Peuples autochtones de Nouvelle-Calédonie

13.
Tout en notant les explications de la délégation de l’Etat partie, le Comité reste
préoccupé par les informations faisant état :

  • a) du fait
    que les questions foncières
    concernant les populations kanaks ne sont pas définitivement réglées
     ;
  • b) d’une sous-représentation des Kanaks dans l’administration
     ; c) de la persistance des disparités dans la
    jouissance des droits économiques, sociaux et cu
    lturels
     ;
  • d) d’une difficulté d’accès à
    l’enseignement dans les langues locales pour tous les enfants ainsi qu’à la culture kanak ; e)
    d’une inscription discriminatoire dans les registres électoraux et des restrictions injustifiées
    au droit de vote
    au détr
    iment des Kanaks
     ;
  • f)
    des
    obstacles d’accès aux zones de pêche et à
    la mer (art.5).

A la lumière
de
sa recommandation générale no. 23 (1997) concernant les droits des
peuples autochtones, le Comité recommande à l’Etat partie
de :

  • a) P
    oursuivre les efforts visa
    nt à préparer de manière adéquate les
    populations de Nouvelle-Calédonie, notamment les Kanaks
    à prendre une décision sur
    leur auto-détermination
     ;
  • b)
    M
    ettre fin à la pratique d’enregistrement discriminatoire pour les
    Kanaks dans les registres électoraux et l
    ever toute restriction injustifiée au droit de
    vote ;
  • c)
    T
    rouver un règlement défini
    ti
    f aux questions foncières qui subsistent
    en
    Nouvelle-Calédonie, y compris d’assurer l’accès aux zones de pêche et à la mer ;
  • d)
    I
    ntensifier les efforts afin de permettre un trait
    ement égal dans l’accès à
    l’emploi y compris dans l’administration, au logement, à la santé et à la culture
    kanak ;
  • e)
    I
    ntensifier les efforts pour assurer l’accès à l’éducation pour les enfants
    kanaks, notamment dans les langues locales, et
    accroître le nomb
    re d’enseignants.

Situation à Mayotte

14. Le Comité est
préoccupé par le fait que la fin du statut local
à Mayotte
aurait eu pour
résultat de priver certains Mahorais de leurs droits à la santé, au logement social, à
l’éducation et aurait accru les obstacle
s à la liberté de circulatio
n (art. 5).

Le Comité recommande
à l’Etat partie
d’
accroître ses efforts, compte tenu du
nouveau statut de Mayotte, visant à ce que les Mahorais jouissent pleinement et à
égalité avec le
reste de la population de l’Etat partie,
de leurs droits économiques,
sociaux et culturels
et
de
lever les obstacles à leur liberté de circulation.

Demandeurs d’asile et refugiés y compris les mineurs non accompagnés

16.
Le Comité est préoccupé par les faiblesses et les insuffisances du dispositif national
d’accueil des demandeurs d’asile, notamment dans les collectivités d’outre-mer et par les
conditions de vie inadéquates des migrants dans la zone de Calais. Le Comité e
st également
préoccupé par le fait que le recours n’est pas suspensif contre une décision d’éloignement
du territoire dans certaines collectivités d’outre-mer ou contre la décision en première
instance dans le cadre de la procédure d’asile prioritaire. Enf
in, le Comité note avec
préoccupation la possibilité de renvoi de certains mineurs non accompagnés qui arrivent sur
le territoire de l’Etat partie (arts. 5, 6).

Le Comité recommande à l’Etat partie d’envisager un effet suspensif du recours
contre les dé
cisions prises en première instance
sur les premières demandes
d’asile
sur
tout le territoire, y compris dans les collectivités d’outre-mer. Il recommande
également à l’Etat partie d’améliorer les conditions d’accueil des demandeurs d’asile
et des migrant
s. Le Comité recommande enfin à l’Etat partie de prêter une plus
grande attention à l’accueil et à l’examen de la situation des mineurs non
accompagnés, y compris en évitant leur renvoi du territoire.