Discours de son Excellence Azali Assoumani, Président de l’union des Comores lors du débat général de la 71ème Session de l’Assemblée générale de l’ONU - 23 septembre 2016
- Résumé de la chaîne multimédia de l’ONU
Quatrième Président à accéder à la Magistrature suprême de l’Union des Comores par des élections libres, démocratiques, et transparentes, dont les résultats ont été reconnus par la communauté internationale », M. AZALI ASSOUMANI a espéré l’accompagnement postélectoral de la communauté internationale et de tous les partenaires dont le système des Nations Unies pour consolider la stabilité de son pays, préserver les acquis de la démocratie et de l’état de droit et réussir le développement socioéconomique. Parmi ses appels à la communauté internationale, le Président a souligné qu’il appartient à l’ONU, « donc à nous tous », de prendre des mesures immédiates pour endiguer les fléaux déstabilisateurs de la violence, résultat de l’extrémisme et du fanatisme de tout bord. Le terrorisme n’a pas de frontières, a-t-il insisté, ajoutant que les terroristes ne sont ni musulmans, ni juifs, ni chrétiens, ni animistes. Ils n’appartiennent à aucune religion, à aucune civilisation. « Ce sont des barbares ».
Jugeant urgent que l’ONU trouve enfin une solution au conflit israélo-arabe, le Président a fustigé « l’arrogance de ceux qui, à cette même tribune, viennent défier le monde auquel ils s’adressent et narguer notre Organisation commune qui a pourtant reconnu, depuis près de 70 ans, l’État au nom duquel ils s’expriment ». Il s’est dit persuadé qu’un règlement du conflit israélo-palestinien serait un catalyseur à celui des autres crises au Proche-Orient.
Le Président a aussi voulu attirer l’attention de l’Assemblée générale sur la nécessité de faire la différence entre les migrations et le déplacement des populations sur leur propre territoire. L’Union des Comores, dont la souveraineté a été reconnue par l’Assemblée en 1975 sur un ensemble de quatre îles, connaît, comme d’autres pays, des mouvements de population à l’intérieur des îles et entre elles, y compris l’île de Mayotte, encore sous Administration française. Ces déplacements, a déploré le Président, se transforment hélas, en drames quotidiens et causent chaque année, chaque mois, des centaines de morts, dans le bras de fer entre les trois îles et Mayotte, et « dans l’indifférence de la communauté internationale ».
La question de « l’île comorienne de Mayotte », à laquelle l’Assemblée générale a consacré pas moins de 15 résolutions depuis 1977, reste d’actualité. Le Président a espéré qu’une solution sera trouvée en parfaite harmonie entre les Comores et la France, « deux pays qui ont un contentieux mais qui sont pourtant restés amis et partenaires de longue date ». C’est par un dialogue franc, intelligent et respectueux des intérêts des uns et des autres « et surtout » du droit international, que nous parviendrons à épargner aux jeunes générations de Comoriens et de Franco-Comoriens, une situation sans issue et les préserver de la radicalisation et de l’extrémisme qui minent et déstabilisent de nombreuses régions du monde, a prévenu le Président.
M. Azali Assoumani a conclu en appelant à une ample réforme de l’ONU, pour notamment permettre à l’Afrique de disposer d’un siège permanent au Conseil de sécurité. Il a aussi annoncé que son pays, qui a signé l’Accord de Paris sur le climat, soumettra sa ratification lors d’une session parlementaire qui se tiendra le mois prochain.
AZALI A L’ONU : LA DÉCEPTION
Communiqué du Comité Maore, 2 octobre 2016
Faux-pas, illusion, chausse-trappe ? En tout cas l’intervention du président comorien à la 71° AG de l’ONU a pour le moins, bien déçu.
Le président Azali avait, de son propre chef initié un dialogue constructif avec le Comité Maore, il voulait élargir la concertation, il affirmait sa volonté de se conformer à une vieille résolution de l’Assemblée Nationale qui demandait l’inclusion dans le Gouvernement d’un Secrétariat d’Etat chargé de la question de Maore, une résolution ignorée pendant plus de 5 ans. Des signes tangibles qui auguraient d’une nouvelle dynamique dans le traitement de la question de l’ile comorienne de Mayotte. Et voilà que son intervention à la tribune de l’ONU vient ébranler les espérances.
Eh oui, on attendait une stigmatisation percutante du scandale des décasés de Mayotte, des crimes non punis et dont les menaces de poursuite se précisent.
Eh oui, on attendait une dénonciation vigoureuse du visa Balladur, la mise à nu des crimes contre l’Humanité dont se rend coupable la France aux Comores.
Eh oui, on attendait l’engagement d’une bataille diplomatique judicieuse pour la reprise des débats sur la question de l’ile comorienne de Mayotte aux AG de l’ONU et dont l’échéance devrait être la prochaine AG, celle de septembre 2017.
Malheureusement, Azali a préféré la continuité, un discours comme on nous en sert chaque année, aucun souffle nouveau. Rien qui puisse mobiliser les autres pays à défendre à nos côtés la Charte de l’ONU, à s’indigner face à la pratique de la loi du plus fort dans les relations internationales.
Comme à l’accoutumée, les dirigeants du pays ne font rien pour sensibiliser les autres pays sur le drame que nous vivions, sur les dénis de justice que nous subissons et ils se lamentent après de ne pas bénéficier de solidarité internationale. Ils se lancent dans des spéculations sur le changement des rapports de force dans le monde, quand ce n’est pas sur l’égoïsme des pays. Le dossier de l’ile comorienne de Mayotte est vieux, n’occupe pas les devants de la scène internationale, pire elle n’est plus débattue aux AG de l’ONU depuis plus de dix ans. Comment voulez-vous que les dirigeants des autres pays s’en rappellent, s’en soucient.
Inquiétude enfin quand Azali se réfère à son dialogue avec Chirac. Car ce sont ses concessions, en particulier sur la participation des Maorais, en tant qu’entité distincte des Comores, aux jeux des iles de l’Océan Indien qui ont ouvert la brèche dont se sont servis les dirigeants français pour départementaliser l’île comorienne.
Vigilance et ressaisissement. L’intervention à l’ONU n’est qu’un discours. Les actions à venir sont plus importantes. Notre vœu est qu’il s’est agi d’un faux pas malheureux résultant d’une certaine précipitation, entre la prise de fonction fin mai et l’AG de septembre, le temps était court.
Comme l’a souligné le Président Azali, il faudra mobiliser tout le pays derrière une stratégie nationale sur la question de Maore. Son élaboration, son appropriation et sa mise en œuvre sont l’essentiel. Puisse cette voie être suivi avec plus de conséquence.