Discriminations en Guyane - rapport CRPV, juillet 2009

Enquête du Centre de Ressources Politique de la Ville de Guyane (CRPV) sur les discriminations dans l’île de Cayenne
 juillet 2009

Discriminations en Guyane : Jardinier haïtien et maçon brésilien

Présentation par un article de Pierre Carlier, France-Guyane, 21 juillet 2OO9

Le Centre de ressources politique de la ville de Guyane (CRPV) a réalisé une étude sur la discrimination auprès de 429 habitants de BP 134, piste Tarzan-Baduel, Cotonnière-Balata ouest, La Crique, îlet Malouin, Mango-Brutus, et Mont Lucas. Voici des extraits.

  • Quartiers marqués.

« La distribution de l’échantillon montre une surreprésentation de la population
d’origine étrangère (61,5%) (...). Aucun niveau d’études ni de formation : 10,5% (...). Les branches d’activités qui se dégagent nettement sont le BTP, la restauration et la vente (...). Pour plus du quart des ménages (28,7%), les allocations sociales constituent le revenu principal. »

  • Solidarités déviantes.

« En Guyane, la discrimination apparaît comme un concept difficilement identifiable. Sur le plan social, la hiérarchisation des groupes socioculturels et la conscience d’appartenance génèrent des pratiques et des modes d’échanges fondés sur l’inégalité d’accès aux droits et à la ressource (...). On pourrait aussi avancer que la qualification d’exercice discriminatoire par l’institution est perçue, dans la société guyanaise, comme des formes de solidarité déviantes. »

  • « Ethno-économie ».

« On peut noter une corrélation forte entre les métiers du BTP et les interrogés se déclarant de nationalité brésilienne d’une part, et les métiers de personnel domestique et les interrogés de nationalité haïtienne (...). La spécificité ethno-économique peut être mise en évidence par le réseau relationnel mobilisé par les individus dans la recherche d’un emploi : 82,6% des individus interrogés déclarent qu’il est essentiel. »

  • Le filon.

« Ce réseau est, d’abord, mobilisé pour rechercher un emploi en produisant des allégeances et des formes de dépendances (...). Il y a donc des pratiques discriminatoires directes et indirectes, et des branches d’activités fermées à des groupes. »

  • Le serpent se mord la queue.

« Le filon apparaît donc comme une stratégie de contournement des pratiques discriminatoires subies, mais, en retour, il est lui-même fortement producteur des mêmes effets. »

  • Logement.

« Le statut d’étranger est explicitement souligné par les interrogés comme un handicap à l’accès au logement social. »

  • Services.

« Compte tenu de l’occupation sans titre du foncier dans la majorité des cas, les services publics ne sont pas tenus d’assurer une maintenance technique (voirie, eaux et assainissement, déchets). Leur intervention ne tient qu’à des réseaux interpersonnels et des allégeances. »

  • Discriminations explicites et implicites.

« On peut se demander si la société guyanaise, dans toute sa diversité et ses cloisonnements socioculturels ne repose pas sur la fabrique de discriminations explicites et implicites. Ces sujets - l’emploi, l’accès à la terre et au logement, l’accès aux services publics, l’accès aux services bancaires, le développement des transports publics - constituent tous des actions

L’intégralité des études ici :


France-Guyane, 21 juillet 2009