INSEE - L’état de école en Guyane, juillet 2011

Données sur la non scolarisation et commentaires
jeudi 1er septembre 2011

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Synthèse du rapport

Alors qu’au plan national, les effectifs scolarisés marquent le pas, ils augmentent en Guyane de 3,7% par an, au même rythme que la population totale, qui connaît une explosion démographique.
Les effectifs d’enfants scolarisés dépassent, à la rentrée 2010, 72 000 élèves dans les établissements publics et privés du premier et du second degré.

Pour l’accès à la scolarité obligatoire, difficulté spécifique à la Guyane, les taux se modifient positivement. L’évolution observée sur la tranche d’âge des 12-16 ans (93% en 2007, 87 % en 1999) est plus significative que sur la tranche d’âge des 6-11 ans (96% en 2007, 93% en 1999). Ce qui ne suffit pas à résorber pleinement la non-scolarisation fortement marquée géographiquement (Ouest guyanais) et socio-économiquement (inactivité ou chômage des parents).
Sur la période 2002–2009, le nombre d’enseignants augmente rapidement (+21%). Cette variation est plus rapide dans le second degré qui connaît la plus grosse progression des effectifs et oblige un important recours à des enseignants contractuels (27 % des enseignants en 2009, 23 % en 2003).
Les effectifs scolarisés en éducation prioritaire sont, en pourcentage, 15 fois plus nombreux en Guyane qu’au niveau national (61 % des effectifs en Guyane, 4 % au national). Cette situation s’explique par les grosses difficultés sociales des familles (47 % de la population scolarisée en collèges et lycées remplit les conditions d’accès aux bourses).

Les résultats aux évaluations nationales à l’école élémentaire (CE1 et CM2) s’écartent de la moyenne nationale de près de 40 points du pourcentage d’élèves ayant de bons et très solides acquis. Une légère amélioration a été observée en 2010-2011.
Cette situation a été placée au cœur du projet académique avec une évolution attendue des performances aux évaluations à l’école de 20 points sur 3 ans par une mobilisation des ressources pour le premier degré, le recours à des innovations et des expérimentations, une formation des enseignants à l’enseignement face aux élèves qui n’ont pas la langue française comme langue maternelle.
Dans l’enseignement secondaire, en 1990, 15 % des jeunes de 20 à 24 ans déclarent détenir un baccalauréat ou plus, ils sont 25 % en 2007. Cette évolution positive doit être pondérée par la lente baisse du taux important des sortants sans diplôme de l’enseignement secondaire (43 % des jeunes de 18 à 24 ans en 2007, 53 % en 1990). L’attention mérite d’être portée particulièrement sur la part importante des sortants sans diplôme au cours de leur scolarisation en collège ou en première année de CAP, de BEP (25 % des sortants en 2007, 36 % en 2000).

Il n’en demeure pas moins qu’en dépit des signes positifs, le système éducatif produit une population encore trop peu diplômée en Guyane. Seulement 44% de la population adulte de plus de 25 ans est diplômée de l’enseignement secondaire alors qu’ils sont 71% au niveau national.
Le parcours scolaire paraît lié à l’origine sociale et il a une influence forte sur l’insertion professionnelle future. Ainsi, quelques années après la fin des études, le taux de chômage d’un jeune sans diplôme est cinq fois plus élevé que celui d’un jeune diplômé du baccalauréat ou plus. La détection et la prise en charge très tôt de la difficulté scolaire ainsi que le suivi personnalisé des élèves sont autant de pistes susceptibles de réduire les inégalités entre élèves d’abord et entre citoyens ensuite.

Toutes ces données, qui sont autant d’aides à la décision, confortent l’académie dans les orientations du projet académique 2010-2013. Il s’agit en effet de faire face aux défi s de l’évolution démographique et d’accroître le niveau de qualification des jeunes guyanais. La massification de l’enseignement devient plus assurée, c’est un effort qualitatif qui doit à présent mobiliser tous les efforts de tous.


L’état de la non-scolarisation en Guyane
Commentaire de Mom et du Collectif pour la scolarisation de tous les enfants en Guyane

Ce document donne entre autres des chiffres officiels de la non scolarisation qui touche d’abord l’ouest de la Guyane selon l’INSEE et il y a des cartes précises. Mais l’analyse est faite avec les critères socio-professionnels habituels qui ne signifient pas grand chose pour les habitants des fleuves ; on apprend que ce chiffre repose sur les déclarations des personnes recensées ... (p14).

Sur les pages consacrées à la non scolarisation figurent des chiffres plus précis ( p.14 et ss), mais ceux-ci datent de 2007 ! Ces chiffres sont : 2800 non scolarisés pour 2007 entre 6 et 16 ans. soit 5% entre 6 et 11 ans et 7% entre 12 et 16 ans . Pour les plus de 12 ans, la moitié se situe dans l’ouest et les communes isolées.
Des cartes montrent l’importance de la non scolarisation des 6 / 11 ans dans les communes de Cayenne , Mana , Apatou, Maripasoula.
On y voit aussi l’importance de la non scolarisation des communes de l’Est, Camopi et Saint-Georges, qui atteignent 10% pour les 6 16 ans ; vient ensuite l’ouest avec 8%.

Une indication sur les nationalités des enfants non scolarisés confirme que les familles étrangères sont les premières concernées par la non scolarisation sans que l’analyse ne dépasse celle de la catégorie socio-professionnelle : en gros ce sont les enfants de "chômeurs " ou surtout "d’inactifs"qui sont majoritairement non scolarisés.

Bien entendu il y a aussi la mauvaise maitrise du français par les parents signalée comme une cause de la non scolarisation .... Rien sur les causes objectives que le Collectif pour la scolarisation de tous les enfants en Guyane dénonce depuis 10 ans : il est vrai que les raisons n’ont pas été demandées contrairement aux travaux faits par Piantoni sur l’île de Cayenne - où il a trouvé 10% de non scolarisés et dans le mémoire de Nadia Deka sur le quartier eau Lisette.

Il faut croiser ces informations avec le tableau donné lors de la rentrée 2009 de l’office national des statistiques (ONS) où les chiffres sont plus importants et le cahier Antiane de l’INSEE. -ainsi qu’avec les travaux de chercheurs. L’ONS indique un taux qui oscille entre 8 et 9% pour les 6 -16 ans et ce depuis 10 ans ; donc le nombre de non scolarisés augmente en même temps que le nombre des scolarisés. La lettre Antiane INSEE indiquait en 2008 une augmentation de la non scolarisation.

Voir sur ce sujet :