Publication téléchargeable : http://www.lacimade.org/publications/88
EXTRAIT
L’exception au service de l’inacceptable en outre-mer
- 27 968 expulsions depuis l’Outre-mer en 2012 contre 19 249 depuis l’Hexagone.
- 3 990 enfants enfermés illégalement au centre de rétention administrative (CRA) de Mayotte en 2012.
- 1,37 m2 c’est la surface disponible par personne au cRa de mayotte contre 10 m2 dans l’Hexagone.
- 3 décisions de justice du 20 février 2012 indiquent que le fait d’être enfermé au CRA de Mayotte constitue un traitement inhumain et dégradant.
- 80 % des personnes qui ont eu la chance de passer devant un juge judiciaire en Guyane ont été libérées en 2012.
- 25 % de la population de Guyane est étrangère.
Face aux critiques accablantes de la politique migratoire française en Outre-mer, les pouvoirs publics restent apathiques. Les gouvernements successifs invoquent l’ « exception ultramarine » pour justifier la possibilité d’expulser les étrangers en réduisant leurs droits.
Sous couvert d’un objectif de lutte renforcée contre l’immigration, déconnectée des
réalités sociales ultramarines, des lois dérogatoires donnent libre cours à des pratiques administratives abusives, à l’abri de la censure des juges.
Le 6 juillet 2012, le ministère de l’Intérieur publiait une circulaire visant à limiter
l’enfermement des familles en centre de rétention, mais ce texte ne s’applique pas à Mayotte. Des milliers d’enfants sont donc toujours enfermés chaque année dans le centre de rétention de Mayotte en toute illégalité
En 2012, la Cour européenne des droits de l’homme condamnait la France en indiquant que le contexte local ne pouvait pas justifier une politique privant les étrangers de leurs droits les plus fondamentaux. Cette France manifestement défaillante devra compter avec ses engagements internationaux en matière de respect des droits de l’Homme, au premier
rang desquels ceux pris au sein de l’Union européenne. Mayotte est devenue une région ultrapériphérique en 2014, l’exception ultramarine comme justification à tous les abus pourrait bien un jour trouver ses limites.