Dans son dernier numéro de La Chronique internationale de l’Ires (n°134), l’Institut de Recherches Économiques et Sociales (Ires) propose un dossier sur le mouvement social à Mayotte
Le dossier est composé de 2 articles et 3 annexes, tous téléchargeables en PDF en cliquant sur les liens suivants :
- 3 annexes
- « Repères sur l’histoire politique et institutionnelle récente de Mayotte » ;
- « Un système d’éducation toujours bas de gamme malgré l’augmentation des moyens » ;
- « Évolution et état du système de santé »
Présentation
Le premier article de ce dossier (« La situation économique et sociale ») revient sur le contexte économique et social très spécifique dans lequel est intervenu le mouvement « contre la vie chère ». Ce contexte est lui-même le produit d’une histoire singulière (retracée dans une des annexes du dossier). Mayotte se caractérise par une économie en très forte transformation mais connaissant un sous-développement bien plus important que dans les autres départements d’outre-mer (DOM). Sur de nombreux aspects - emploi, revenus, inégalités, pauvreté et conditions de vie des habitants – la situation apparaît particulièrement préoccupante. La population de Mayotte est caractérisée par une structure sociale très inégalitaire, produit d’une histoire coloniale, certes transformée mais toujours présente. Les Français originaires de l’île ont un niveau de vie moyen de 290 euros mensuels quand celui des Français non originaires de Mayotte (les « Wuzungus », les blancs) est d’un montant « métropolitain », de l’ordre de 1400 euros (données de 2005). Des annexes au dossier reviennent également sur l’évolution et la situation alarmante pour ce qui concerne les questions d’éducation et de santé.
Le second article de ce dossier (« Nouveau département, conflit social majeur : la révolte contre la vie chère ») porte sur le récent mouvement social de Mayotte qui a été exceptionnel par son ampleur et sa durée avec près de deux mois de grève et de mobilisation au cours du dernier trimestre 2011. Ce mouvement s’est cristallisé sur une revendication de baisse des prix.
Par-delà les causes conjoncturelles, ce long mouvement contre « la vie chère » marqué par de nombreux incidents est à relier à la situation sociale de l’île et à son histoire. En particulier, la récente départementalisation de l’île — Mayotte est devenue le 5ème département d’outremer (DOM) et le 101ème département français le 31 mars 2011— avait en effet toujours été promue comme la clef d’entrée dans une modernité sociale et économique associée à un État social porteur de promesses d’égalité avec les habitants de métropole. Or cette transformation institutionnelle n’a pas tenu ses promesses et la déception est grande.
De fait, le passage au statut de département n’a quasiment rien changé pour l’immense majorité de la population. En matière de droits économiques et sociaux, les habitants de Mayotte subissent toujours un traitement discriminatoire vis-à-vis des habitants de métropole et des quatre autres DOM (Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Martinique). Dans plusieurs domaines dont la protection sociale, le droit du travail, mais aussi les impôts et la législation sur les étrangers, l’application du droit commun a été reporté, parfois à une date lointaine et indéterminée. S’agissant des avantages sociaux, l’alignement est promis d’ici vingt à vingt-cinq ans. Face aux fortes attentes, une certaine désillusion transparaît et des voix dénonçant une « départementalisation au rabais » se font davantage entendre. Le récent mouvement social en est une des premières manifestations.
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