Manuel Valls : les expulsions d’Haïtiens sans papiers « doivent reprendre le plus vite possible »

Propos tenus en Guyane le 9 mars 2013
samedi 9 mars 2013

France Guyane, 11 mars 2013
Propos recueillis par Sébastien ROSELÉ le 9 mars 2013

  • C’est la première fois que vous venez en Guyane. Quel est votre sentiment à chaud ?

Je connais les Antilles. Je connais La Réunion. Mais je ne connais pas la Guyane. En trois jours à peine, c’est difficile de s’exprimer, de livrer une analyse définitive sur la Guyane. Et puis, je ne suis pas ministre des Outre-mers comme vous le savez. Mais ce qui me frappe, ce sont les étendues de ce bout de France au coeur de l’Amazonie et de l’Amérique du Sud. J’ai été frappé par son immensité, sa beauté et de l’atout qu’elle représente.
En fait, j’ai un sentiment ambivalent. D’un côté, on a Ariane. Le centre spatial représente 15% de l’emploi ici. C’est un atout et une vitrine pour la France et l’Europe. Et d’un autre côté vous avez les attentes des gens qui ont l’impression qu’on privilégie la sécurité du centre spatial. C’est pour cela qu’il y a une zone de sécurité prioritaire à Monnerville. En tout cas la Guyane est une société tolérante, mosaïque, où se pose la question de l’immigration qui constitue un défi à relever. C’est important pour moi d’avoir senti les choses.

  • L’immigration est votre cheval de bataille. Quelle est votre ligne ?

Il faut une politique ferme qui respecte la loi et qui ne stigmatise pas les populations. Il y aura des reconduites à la frontière et il n’y aura pas de régularisation massive. Il y a ici une attente très forte sur la lutte contre l’immigration illégale. Bien souvent, celui qui est reconduit revient le lendemain.
Ce qui crée un sentiment d’impunité pour le migrant et d’inutilité pour le policier. Il faut des reconduites mais aussi se concentrer sur les filières et mener un travail de coopération avec les pays voisins. Cette coopération a des marges de progression importantes. Si on n’apporte pas de réponses efficaces dans les années à venir, l’immigration clandestine va poser un problème d’équilibre à la société guyanaise qui ne pourra pas l’absorber.

  • Alors que dans d’autres départements, les expulsions d’Haïtiens en situation irrégulière ont repris, elles sont toujours suspendues ici. Votre position ?

Elles doivent reprendre. La Guyane a été une terre d’accueil pour les Haïtiens et il y a un lien fort.
Mais maintenant, après l’accueil pour soulager ce pays ami, les reconduites doivent reprendre le plus vite possible. J’entends ce que disent les associations humanitaires. On va faire du cas par cas. Mais il faudra des dossiers fournis et consistants. On ne régularisera pas par principe. Ce sera une politique équilibrée.