Mayotte, département le plus jeune de France : analyse par l’INSEE du recensement de 2012

mardi 4 février 2014

Données publiées par INSEE 1re, n° 1488, février 2014
élaborées par Julien Balicchi, Jean-Pierre Bini, Véronique Daudin, Nelly Actif, Jannick Rivière, direction régionale La Réunion-Mayotte, Insee

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Rapport INSEE Mayotte 2014

Résumé

Au 21 août 2012, 212 600 personnes habitent à Mayotte. Entre 2007 et 2012, la croissance de la population reste soutenue (+ 2,7 % par an en moyenne), mais s’atténue par rapport aux années antérieures. Elle est due intégralement à l’excédent des naissances sur les décès. Plus de la moitié de la population a moins de 18 ans, faisant ainsi de Mayotte le département le plus jeune de France. Le solde migratoire reste négatif : les jeunes Mahorais notamment émigrent de plus en plus pour poursuivre leurs études ou s’insérer professionnellement. La part de la population de nationalité étrangère se stabilise autour de 40 %. Près de quatre étrangers sur dix sont des mineurs, nés à Mayotte, qui pourront accéder à la nationalité française à leur majorité.
Le niveau de qualification progresse mais reste faible : 71 % de la population n’a aucun diplôme qualifiant. L’accès à l’emploi est difficile : seulement trois Mahorais sur dix en âge de travailler ont un emploi.
La taille des logements augmente et la part des logements vacants reste élevée (12 %). Les conditions de logement s’améliorent avec un accès à l’eau deux fois plus fréquent qu’en 2007. Néanmoins, comme en 2007, un logement sur trois est une maison en tôle.

Sommaire

Entre 2007 et 2012, le solde migratoire apparent serait déficitaire de 4 700 personnes. Il est positif pour les natifs d’autres départements français (+ 6 700 personnes) et pour les natifs de l’étranger (+ 3 500), alors qu’il est nettement négatif pour les natifs de Mayotte (- 14 900 personnes). Les départs des natifs de Mayotte, qui s’élèvent à près de 18 000 personnes sur la période, sont à plus des deux tiers des jeunes de moins de 25 ans, dont un tiers ont entre 20 et 24 ans. Ce sont 11 % des enfants nés à Mayotte entre 2007 et 2012 qui ont quitté le territoire au cours des cinq ans. Ils sont souvent de nationalité étrangère. Malgré ces départs, la forte natalité permet aux natifs du département de rester majoritaires : 64 % des habitants de Mayotte en 2012 y sont nés, soit légèrement plus qu’en 2007 (figure 4). Parmi les 61 000 personnes nées à l’étranger qui vivent à Mayotte en 2012, la plupart vivaient déjà sur le territoire en 2007 : 60 % sont arrivées avant 2002, et 34 % entre 2002 et 2007. 4 000 immigrants, natifs de l’étranger, se sont nouvellement installés au cours des dernières années. Ce chiffre est inférieur à celui des entrées sur le territoire, car de nombreuses personnes ont été contraintes de partir suite à des reconduites à la frontière, y compris parmi celles qui vivaient déjà à Mayotte en 2007.
Depuis 2007, les personnes de plus de 30 ans qui se sont installées à Mayotte sont majoritairement des natifs d’autres départements français. Leur part dans la population de Mayotte augmente, dépassant 7 % en 2012 contre 5 % en 2007. En revanche, les 15-29 ans arrivant sur l’île sont le plus souvent nés à l’étranger. Mais après 30 ans, les natifs de l’étranger repartent fréquemment. Ainsi, la part des natifs de l’étranger est plus faible en 2012 qu’en 2007 (respectivement 29 % et 32 %).

En 2012, 84 600 étrangers résident à Mayotte, qu’ils y soient nés ou non ; 95 % d’entre eux sont de nationalité comorienne. En cinq ans, le nombre d’étrangers a augmenté moins vite que l’ensemble de la population (+ 12 % contre + 14 %). Ainsi, la part des étrangers se stabilise à 40 %. 94 % des étrangers âgés de cinq ans ou plus résidaient déjà à Mayotte en 2007. Par ailleurs, 39 % des étrangers sont nés sur le territoire français. Ce sont essentiellement des mineurs qui pourront prétendre accéder à la nationalité française à leur majorité.
Mayotte demeure le département français où la part d’étrangers dans la population est la plus importante, devant la Guyane (35,5 %). Dans les communes de Mamoudzou, Koungou et Ouangani, les étrangers sont majoritaires.