Ministères de l’Intérieur et des Outre-mer : un plan "Mayotte sécurité pour tous", 2 juin 2016
Un "plan global de sécurité, de lutte contre l’immigration clandestine et de prévention de la délinquance".
25 mesures pour l’avenir
Commentaire : comme les villageois dont les manifestations violentes contre les habitants catalogués comme Comoriens de leur commune sont officiellement condamnées, les ministères confondent encore et toujours l"insécurité", la "délinquance" et la lutte contre ceux qui sont catalogués comme "étrangers clandestins"...
Communiqué des deux ministères
Mayotte fait face à des enjeux majeurs de sécurité et de développement qui nécessitent un engagement particulier de l’État.
Ce plan de 25 mesures repose sur trois axes :
- Renforcer les effectifs et les moyens des forces de l’ordre : Dès cet été, dans le cadre des mouvements de personnels, la Police Nationale affectera dans l’île 102 policiers, tandis que la Gendarmerie Nationale nommera 42 gendarmes. Par ailleurs, une nouvelle antenne du GIGN est créée à Mayotte, pour permettre des interventions rapides et adaptées aux situations les plus sensibles. Les radars permettant la détection des embarcations utilisées pour l’immigration clandestine seront modernisés.
De même, et en cohérence avec ces objectifs l’implantation géographique des forces sera significativement améliorée. Les moyens maritimes et aériens seront renforcés pour lutter plus efficacement contre l’immigration clandestine.
- Réformer la gouvernance des forces de sécurité et élargir les actions de lutte contre l’insécurité : Désormais, le Préfet et le Procureur de la République de Mayotte réuniront aussi souvent que nécessaire un état-major de sécurité rassemblant l’ensemble des services de l’État mobilisés dans la lutte contre la délinquance et contre l’immigration clandestine. Cet état major définira des objectifs précis et s’assurera de leur réalisation. Des opérations de prévention et sécurisation seront menées autour des établissements scolaires et hospitaliers. La lutte contre les cambriolages sera renforcée.
- Nouer de nouveaux partenariats avec la société civile avec un volet jeunesse important : Une instance spécifique est créée, afin d’optimiser les initiatives des élus locaux, des associations et des acteurs de la société civile mahoraise en faveur de la prévention de la délinquance. Coordonnée par la préfecture et par le parquet, elle permettra de mobiliser l’ensemble de l’Ile vers cet objectif majeur. Le dispositif « Instructions et accompagnement éducatif » piloté par l’éducation nationale sera étendu. Des mesures seront déployées en faveur des jeunes non scolarisés. La sécurité à Mayotte constitue une priorité pour le Gouvernement. Le plan présenté aujourd’hui réaffirme l’engagement de l’Etat aux côtés des élus, des acteurs économiques et citoyens de l’Ile, et de l’ensemble des Mahorais. Il fera l’objet d’un suivi et d’une évaluation régulière, en lien étroit avec les élus.
Plan sécurité : Ibrahim Aboubacar et Thani Mohamed Soilihi satisfaits de « la détermination du gouvernement » (3 juin, Orange-Mayotte)
Pour le député, « ce plan est ambitieux, pragmatique et mérite la mobilisation de tous pour coproduire la sécurité dont la population de Mayotte a besoin et lutter contre l’immigration clandestine. » [...] « Le Gouvernement a entendu les mahorais et a pris la dimension de l’exaspération de la population : l’avenir jugera. »
Ibrahim Aboubacar « appelle la population de Mayotte à s’en remettre aux pouvoirs publics pour assurer la protection des biens et des personnes. A entamer le mois sacré du ramadan dans la paix et la prière. Et à méditer, pendant ce mois sacré, les changements nécessaires dans nos comportements pour coproduire la paix, la sécurité et le vivre ensemble sur cette belle et chère terre de Mayotte. »
De son côté, le sénateur Thani Mohamed Soilihi affirme que ces 25 mesures « démontrent la détermination du Gouvernement à assurer la sécurité à Mayotte et rétablir la sérénité sur notre territoire.
Je pense notamment à l’augmentation sensible des effectifs des policiers et gendarmes, le renfort des forces armées pour surveiller nos frontières, la mise en place d’une réponse pénale adaptée aux mineurs…etc. »
Mais le sénateur rappelle également « que la lutte contre l’immigration clandestine et contre l’insécurité ne pourra être gagnée sans la forte implication des citoyens mahorais et des collectivités.
L’autorité qui s’exerce à l’égard d’un mineur est avant tout parentale.
Par ailleurs, l’aide à l’entrée, au séjour et l’emploi d’un étranger en situation irrégulière sur le territoire sont des infractions sévèrement sanctionnées par la loi », rappelle-t-il.
Assemblée nationale, 7 juin 2016 : Sécurité à Mayotte
- M. Ibrahim Aboubacar, pour le groupe socialiste, écologiste et républicain.
M. Ibrahim Aboubacar. Monsieur le ministre de l’intérieur, la situation sécuritaire dans le département de Mayotte, qui se dégradait peu à peu ces dernières années, s’est brutalement aggravée depuis plusieurs mois. Elle est désormais insupportable pour toutes les catégories de la population, sur tout le territoire.
Les conséquences sont particulièrement graves pour l’île : son économie et ses services publics sont dans une situation intenable. Nous faisons ces constats et nous lançons ces alertes depuis un certain temps. La Cour des comptes l’a fait elle aussi, à sa manière. Mais les événements se sont accélérés, et le vase a débordé, car l’insécurité est aggravée par l’immigration clandestine massive que subit ce territoire.
J’entends beaucoup de condamnations ici et là, mais peu de gens s’interrogent sur ce que vit la population de Mayotte chaque jour ces derniers temps, et qui conduit à des extrémités regrettables. C’est d’ailleurs pour cela que vous avez lancé, sur le plan sécuritaire, une mission inter-inspection.
Pour répondre à cette crise, il faudra de multiples solutions, sur le long terme. Mais dans l’immédiat, alors que commence le mois sacré du ramadan, la population de ce territoire aspire à la paix et à la sécurité. La confiance de la population dans les pouvoirs publics pour faire face à cette situation ne pourra être confortée que par des engagements en faveur de ce territoire. Elle doit pouvoir compter sur l’État pour assurer la sécurité, pour protéger les personnes et les biens, pour contrôler les frontières et faire respecter l’État de droit par tout le monde – sous peine de ne le voir respecté par personne.
Monsieur le ministre, pourriez-vous nous présenter le plan global de sécurité, de prévention de la délinquance et de lutte contre l’immigration clandestine que vous avez élaboré avec votre collègue de l’outre-mer à la demande du Premier ministre, ainsi que les instructions que vous avez données au préfet pour le mettre en œuvre ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.)
- M. Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur.
Monsieur le député, vous m’avez interrogé sur la situation sécuritaire à Mayotte ; je vous répondrai le plus précisément possible. Comme vous le savez, Mme George Pau-Langevin, ministre des outre-mer, et moi-même, avons présenté le 2 juin dernier un plan de lutte contre la délinquance et l’immigration irrégulière à Mayotte – l’immigration clandestine y représentant un véritable fléau.
Ce plan comprend vingt-cinq mesures, et repose sur trois grands axes. Premièrement, renforcer les effectifs et les moyens des forces de sécurité en affectant des policiers et des gendarmes supplémentaires dès cette année. À ma demande, la direction générale de la police nationale affectera 102 policiers supplémentaires à Mayotte d’ici au mois de septembre, et 42 gendarmes. Nous avons par ailleurs décidé d’y créer une nouvelle antenne du GIGN pour mener des interventions rapides et adaptées aux situations les plus sensibles.
J’ai en outre souhaité que les radars permettant de détecter les embarcations utilisées pour l’immigration clandestine soient totalement modernisés. De manière cohérente avec nos objectifs d’implantation géographique des forces, nous allons aussi renforcer les moyens maritimes et aériens pour lutter efficacement contre l’immigration irrégulière.
Le deuxième axe consiste à réformer la gouvernance des forces de sécurité et élargir les actions de lutte contre l’insécurité. J’ai demandé aux préfets et au procureur de la République de Mayotte, en lien avec le garde des sceaux, de réunir un état-major de sécurité rassemblant l’ensemble des services de l’État afin de mieux coordonner l’action de ces derniers, dont les moyens seront renforcés.
Enfin, nous allons nouer de nouveaux partenariats avec la société civile, de manière à renforcer les actions de prévention, notamment à destination de la jeunesse.