Publication :
N. J. Gueunier, 1999 “« Nom, Prénom », une étape vers l’uniformisation culturelle ? Identité et statut juridique à Mayotte (Océan Indien Occidental)”, Revue des Sciences Sociales de la France de l’Est, 26, pp. 45-53, bibl. (en collaboration avec M. M’TRENGOUENI et S. MOUHKTAR).
RESUME
Il faut en France avoir un Nom et un Prénom : si vous n’avez que l’un des deux, et plus encore si vous hésitez à reconnaître lequel des deux termes qui servent à vous dénommer est votre nom, et lequel est votre prénom, vous vous exposez au mieux à l’incompréhension, au pire à des ennuis avec les autorités. Pourtant, les Mahorais (habitants de l’île Mayotte, l’une des Comores) ont des noms qui ne répondent pas à cette structure française usuelle (et légale). Le nom mahorais, comme le nom comorien en général, est constitué d’un nom personnel librement attribué à chaque enfant (et très généralement choisi dans un registre religieux musulman), suivi du nom personnel de son père.
Ces particularités n’avaient jamais semblé problématiques, ni (évidemment) dans les termes de la coutume locale, ni (c’est plus notable) dans le contexte de la colonisation française. Elles semblent curieusement l’être devenues tout d’un coup dans la période récente, quand, après le référendum d’autodétermination de décembre 1974, l’île a entamé un processus de resserrement des liens avec la France, avec un statut particulier de “collectivité territoriale de la République française”. Dans ce cadre nouveau, la question des noms de personnes et de leur structure est posée, et par les Mahorais eux-mêmes, et par l’administration locale. Mais, alors que les bureaux voient dans l’affaire un enjeu essentiellement pratique, pour les habitants il y est question aussi de la forme de la famille, des relations avec les habitants des îles voisines, et par-dessus tout sans doute de l’islam et de son rôle dans la définition de l’identité mahoraise.
Lire l’article en PDF