Projet d’accord sur les frontières maritimes entre les Comores, le Mozambique et la Tanzanie

La signature est prévue en octobre 2011
lundi 19 septembre 2011

Le président comorien Ikililou souhaite organiser la cérémonie de signature aux Comores

par Ahmed Ali Amir
Al-watwan n° 1821 du lundi 19 septembre 2011

Le pays disposait déjà d’un projet bien ficelé, le financement n’a pas été long à trouver. La coopération technique allemande, qui dispose d’un fonds conséquent pour aider les pays africains à délimiter leurs frontières en vue d’assurer la paix entre voisins, a répondu à la demande comorienne de financement

De passage en Tanzanie, pour participer à la soixante-sixième assemblée générale de l’Onu, le président comorien Ikililou Dhoinine et le président Tanzanien, se sont convenus de signer en octobre prochain un accord historique de délimitation des frontières entre les Comores, la Tanzanie et le Mozambique. A ce sujet, le président comorien a exprimé son vœu d’organiser la cérémonie de signature relative à cette délimitation dans son pays. Cette signature marque la fin des travaux techniques, qui sont l’aboutissement d’un long processus de négociation avec les pays riverains pour délimiter les frontières. Ouvert d’abord en 1986, ce processus a été interrompu la même année, les pays n’étaient pas outillés pour aboutir à des accords viables.
Le processus a repris en octobre 2008, vingt-deux ans après, sous impulsion du vice-président Idi Nadhoim, très porté sur l’exploration pétrolifère de la zone. Trois réunions techniques de haut niveau ont été tenues avec la Tanzanie et le Mozambique à ce sujet.

Projet bien ficelé

C’est parce que le pays disposait déjà d’un projet bien ficelé, préparé sous la conduite technique de l’administrateur comorien à la direction des affaires maritimes, Mouhousoune Abdoul-had, que le financement n’a pas été long à rechercher et à obtenir. La coopération technique allemande, qui dispose d’un fonds conséquent pour aider les pays africains à délimiter leurs frontières en vue d’assurer la paix entre voisins, a répondu à la demande comorienne de financement.
Ce projet soumis d’abord à plusieurs amis, dont la France, n’a pas obtenu de réponse positive. Le projet germano- africain sur les frontières, placé sous tutelle du ministère allemand des affaires étrangères, accompagne depuis les Comores dans les travaux, comme il l’a fait avec des pays demandeurs comme le Mali, le Burkina-Faso, le Sénégal, la Tanzanie, le Mozambique, l’Ouganda, le Malawi...
C’est à Addis-Ababa lors d’une réunion informelle avec les pays riverains que le processus a réellement redémarré en 2010, permettant le directeur allemand du projet de venir évaluer la disponibilité des Comores à aboutir à des accords avec les pays voisins sur ses frontières. Réticente d’abord, par rapport au conflit entre la France et les Comores au sujet de Mayotte, l’Allemagne a finalement accordé son soutien quand la partie comorienne lui a soumis toutes les résolutions de l’Onu sur la souveraineté des Comores. Les Comores ont donc bénéficié de l’appui en capacités techniques, en équipements mais aussi en expertise extérieure pour rassurer de la pertinence des conclusions et éviter ainsi de courir le risque d’une remise en cause ultérieure des conclusions des travaux. Principe d’équidistance La commission nationale travaille avec la collaboration du professeur Martin Pratt de l’Université de Durhan en Angleterre et un expert venu du canada.
La commission nationale multisectorielle de délimitation des frontières, s’est convenu avec les pays voisins d’utiliser le principe d’équidistance (en deux parties égales), en exploitant le logiciel Caris lots pour le relevé des données et de recourir au système géodésique mondial WGS84“, connu comme la référence des nations unies en la matière. Après la signature en octobre de l’accord avec la Tanzanie et le Mozambique, un autre interviendra au mois de novembre avec les Seychelles. La Tanzanie tient beaucoup à cet acte pour fêter son indépendance avec la fierté d’avoir établi la totalité de ses frontières avec ses voisins.
La deuxième étape du processus de définition des frontières maritimes nationales se négociera avec Madagascar et l’île Maurice pour permettre la délimitation complète avant fin 2012, conformément aux recommandations du “Programme de frontière de l’Union africaine“ décidé lors de la onzième session ordinaire de l’organisation, tenue en juin 2007 au Ghana.

Mayotte

Selon Mouhousoune Abdoul-had, “ce qui fait un Etat ce sont ses frontières“. Mayotte qui fait partie intégrante des Comores se retrouve évidement à l’intérieur des frontières comoriennes selon le droit international et conformément à toutes les résolutions de l’Onu, mais aussi avec l’accord de tous ses voisins. La France n’est jamais parvenue à déposer à l’Onu un document sur ses frontières intégrant Mayotte, la ligne ou le tracé existant sur les cartes, en l’espèce, n’est qu’imaginaire.


Dans Malango actualité du 21 septembre, Eric Trannois remarque que "cette position risque d’être inconfortable".

En effet la France et l’Union des Comores ont signé le 27 septembre 2010 un accord militaire "rénové" après onze ans d’interruption de coopération militaire ; cet accord met l’accent sur le volet militaire.
Voir en PDF l’article paru à ce sujet dans Malango actualité du 29 septembre 2010.