Conseil des ministres - 19 octobre
- Extrait : LA SITUATION A MAYOTTE
La ministre auprès du ministre de l’intérieur, de l’outre-mer, des collectivités territoriales et de l’immigration, chargée de l’outre-mer, a présenté une communication relative à la situation à Mayotte après trois semaines marquées par un mouvement social sur le thème du pouvoir d’achat.
Le représentant de l’Etat à Mayotte a conduit une action de médiation entre les distributeurs et le collectif des syndicats et associations de consommateurs. Ces négociations ont permis d’obtenir des résultats tangibles, avec des
propositions de baisses de prix souvent supérieures à 10% sur une dizaine de produits de première nécessité tels que le gaz, le riz ou le poulet. Malgré ces avancées, le mouvement s’est poursuivi, entraînant un ralentissement de la vie économique et des difficultés d’approvisionnement de la population.
Dans ce contexte, la ministre auprès du ministre de l’intérieur, de l’outre-mer, des collectivités territoriales et de l’immigration, chargée de l’outre-mer, s’est rendue vendredi dernier à Mayotte pour rencontrer l’ensemble des parties
prenantes, les écouter et faire, à l’issue de cette journée, des propositions de
sera réglementé, comme dans les autres départements d’outremer.
Enfin, le Gouvernement est prêt à mettre en place un dispositif d’urgence, avec la caisse d’allocations familiales, pour faire bénéficier les familles modestes de réductions de prix supplémentaires sur les produits de première nécessité. Au total, 14 000 foyers, soit 60 000 personnes, pourraient bénéficier de cette mesure.
La départementalisation constitue la meilleure garantie d’une amélioration concrète du pouvoir d’achat et des conditions de vie des Mahorais. Le Gouvernement est pleinement mobilisé pour la mettre en oeuvre selon le calendrier fixé par le Parlement, pour appliquer progressivement le droit
commun, tout en veillant à préserver les équilibres économiques
et sociaux locaux.
Sur ces bases, un accord a pu être signé lundi 17 octobre avec une partie du collectif. La vie économique reprend progressivement à Mayotte, même si cet équilibre reste fragile.
Ministère de l’outre-mer
- Intervention de Marie-Luce Penchard à Mayotte le 14 octobre :
- sur le site du ministère ;
- en vidéo sur le site http://mayotte-viechere.com
Question du député socialiste Bernard Lesterlin au gouvernement et réponse de la ministre, 11 octobre 2011
Présidence de M. Bernard Accoyer
Nous commençons par une question du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche : manifestations à Mayotte
M. Bernard Lesterlin
Monsieur le Premier ministre, depuis plus de deux semaines, les habitants de Mayotte manifestent contre la vie chère. Les prix y sont effectivement prohibitifs, car les monopoles de l’importation et de la distribution y font la loi. C’est pourtant dans ce cent unième département français que le revenu moyen est le plus bas : 310 euros par mois ! Voilà quel est l’état du pouvoir d’achat des Mahorais.
Et pour toute réponse, vous envoyez des gardes mobiles, avec leur lot de bavures. Samedi, c’était la manifestation des élus mahorais, ceints de leur écharpe tricolore, que vous avez repoussée ; c’est aussi cet enfant de neuf ans qui vient de perdre définitivement un œil suite à un tir de flash-ball par un policier qui se dirait en légitime défense… On croit rêver !
Dans ce département où le taux de chômage des jeunes dépasse les 60 %, vous n’apportez aucun élément de négociation.
Ce qui se passe ici est un scandale. J’ai honte pour cette France que j’aime tant. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Je ne fais que citer les propos d’un responsable local de votre majorité, monsieur le Premier ministre.
M. Lucien Degauchy.
Dégagez !
M. Bernard Lesterlin
Les propositions alternatives existent. Le parti socialiste les a faites. Qu’attendez-vous pour contrôler les marges scandaleuses de la grande distribution, dans l’hexagone comme dans les outre-mer ? Alors que vous prévoyez de faire entrer en vigueur à Mayotte un RSA de 119 euros par mois – 119 euros ! –, qu’attendez-vous pour rétablir l’égalité de traitement entre Mayotte et les autres départements ?
Puisque Mme la ministre de l’outre-mer se rendrait demain à Mayotte, je vous demande de dire devant la représentation nationale votre soutien à ces propositions unanimement réclamées par la population, les élus et les syndicats.
Quand allez-vous considérer nos compatriotes mahorais comme des Français à part entière ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. le président
La parole est à Mme Marie-Luce Penchard, ministre chargée de l’outre-mer.
Mme Marie-Luce Penchard, ministre chargée de l’outre-mer
En effet, monsieur le député, depuis plusieurs jours, des manifestations sont organisées à Mayotte sur le thème de la vie chère.
Je suis en lien permanent avec le préfet Thomas Degos qui, à ma demande, a immédiatement engagé une réunion avec la grande distribution pour trouver une solution à ce conflit.
Nous étions presque arrivés à un accord, puisque le protocole préparé avec les organisations syndicales devait être signé vendredi dernier. Visiblement, d’autres éléments, plus politiques, sont entrés en ligne de compte, qui s’éloignent de la revendication initiale.
Soyez en tout cas assuré, monsieur le député, que tout est fait pour établir le dialogue parce que le conflit est une impasse. Oui, c’est une impasse : ce sont des effets désastreux sur l’économie mahoraise. C’est une violence inacceptable de ceux qui en profitent pour casser. Je déplore l’accident dont a été victime ce jeune enfant.
Mais je sais aussi que le parti socialiste parle d’une départementalisation au rabais. La départementalisation, vous l’avez promise, mais c’est nous qui l’avons faite ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. Jacques Alain Bénisti
Voilà !
Mme Marie-Luce Penchard, ministre
Le pacte pour la départementalisation, que vous semblez remettre en cause sur le RSA notamment, qui prévoit un taux à 25 %, vous l’avez pourtant entériné, puisque vous avez adopté le 23 novembre 2010 la loi instaurant le cent unième département !
Il est tentant de créer des tensions sociales à Mayotte, mais je mets en garde tous ceux qui veulent aujourd’hui y mettre à mal le Gouvernement : au bout du compte, ce sont les Mahorais qui seront les premières victimes.
En la matière, la gauche n’a aucune leçon à donner à ce Gouvernement. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.) Vous avez toujours promis en outre-mer, mais c’est toujours notre majorité qui a agi pour le développement économique des ultramarins. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)