"Ratonnades" anti-comoriennes effectuées par des associations locales dans de nombreux villages

samedi 7 mai 2016

Des Comoriens expulsés, leurs maisons détruites, les enfants sans école à l’initiative de groupes locaux. Le maire et la gendarmerie prévenus à l’avance par courrier laissent faire (1re partie : 10 janvier - 9 mai 2016)


À Choungui, dans la commune de Kani Kéli ; bientôt à Brandele

Après, ceux de Poroani, de Tsimkoura, de Kani Bé et de Mbouini, les habitants de Choungui ont expulsé les étrangers sans papiers de leur village dimanche dernier. Une action préparée depuis des jours et qui était connue même des autorités, selon un des organisateurs. Leurs habitations en tôles et cartons pour la plupart ont été démolies. Des familles entières se retrouvent ainsi sans abris. En ce jour de reprise des cours se pose aussi la question de la scolarité des enfants. Une situation humanitaire difficile qui est dénoncée par des associations humanitaires. C’est surtout l’attitude des autorités qu’elles fustigent. La lutte contre l’immigration clandestine doit être du ressort de l’Etat. Tout le monde le sait désormais à Mayotte.

Mais ceux qui soutiennent ses opérations hors la loi donnent les raisons suivantes : Les politiques des gouvernements en matière d’immigration n’ont pas pu enrayer le phénomène d’immigration massive vers l’île au lagon. Au contraire, ils auraient décelé un certain relâchement.
Et la deuxième raison avancée est pour le moins vicieuse. Beaucoup de responsables politiques parisiens, notamment des ministres, et les préfets accusent les mahorais de complicité dans l’accueil et l’installation de clandestins dans le département. Et donc cette campagne de délogements de sans papiers serait une façon de montrer que ces allégations ne sont pas fondées. La vague des expulsions s’étend donc sur tout Mayotte ; lentement mais surement. En tous les cas, pas assez semble-t-il, pour provoquer une réaction des autorités.
A Bandrélé la rumeur coure depuis des jours.
Les personnes chassées se retrouvent en grande partie à Mamoudzou ou à Dapani et Mtsamoudou.

Cette situation ne peut pas durer dans un Etat de droit. Le gouvernement ne peut pas fermer les yeux plus longtemps, car en cas de dérapage, il va falloir que chacun assume sa part de responsabilité.

Plusieurs maisons appartenant à des Comoriens dont la plupart sont d’origine comorienne ont été détruites dimanche 8 mai 2016. La chasse aux Comoriens continue sous le regard des autorités françaises qui ont envoyé la gendarmerie pour tenter de ramener le calme sans pour autant intervenir.


À Chirongi - Informations relayées par La Cimade et communiqué

Des Mahorais qui s’organisent en « collectif » pour expulser les étrangers de leur village (avec ou sans papiers), des habitations de familles comoriennes détruites ou brûlées sous l’œil des gendarmes, des pouvoirs publics qui restent muets face à ces violences, un premier adjoint du chef-lieu de l’île qui parle de « guerre de libération », un directeur de publication de l’hebdomadaire de l’île qui demande à envoyer l’armée pour nettoyer les bidonvilles des clandestins… La Cimade lance un cri d’alarme concernant la situation des étrangers dans le 101ème département français.

Voir le communiqué de la Cimade


Dans la commune de Bouéni

Appel à une manifestation-expulsion pour le 15 mai 2016


Dans le village de M’tsangamboua, commune de Bandraboua

Nouvelle transmise par "Info-kwezi", 26 avril 2016

L’association de Mtsangamboua Malezi Mema, s’est fendue d’un courrier au maire de Bandraboua pour lui notifier « d’une opération à haut risque d’expulsion de personnes en situation irrégulière. »

L’opération aura lieu demain à 9h dans le village de Mtsangamboua, l’association ajoute « Cette fois cette opération présente un risque pour l’ordre public puisque le propriétaire du terrain où réside la personne d’origine étrangère impertinente à proféré des menaces claires contre nous en affirmant que si nous tentons d’expulser son protéger « le sang coulera ce mercredi »

Les personnes à expulser sont clairement identifiées par l’association et il s’agirait d’un conducteur sans permis et de deux voleurs d’agrumes.

Lire la lettre envoyée au maire en PDF :


A Tsimkoura et à Poroani

EXTRAITS : Des habitants de Poroani auraient expulsé avant-hier des familles comoriennes du village. L’opération pourrait se poursuivre aujourd’hui. À Tsimkoura, les familles expulsées seraient toujours dans l’impossibilité de scolariser leurs enfants.

Après Tsimkoura, Poroani ? Des habitants de Poroani auraient procédé avant-hier dans certains quartiers à l’expulsion de familles comoriennes du village, selon Kamralay Djamil Saindou, de l’association comorienne “Solutions éducatrices”. “Un propriétaire a notamment été menacé d’être poursuivi et de payer une amende de 3000 € s’il n’expulsait pas la famille à qui il loue un banga”, ajoute la Cimade (Comité inter mouvements auprès des évacués). Solutions éducatrices indique avoir remis hier en mains propres un courrier au procureur de la République, au préfet, à la maire de Chirongui et la gendarmerie de Chirongui “pour les alerter des menaces pesant sur les familles comoriennes de Poroani et demandant à ces mêmes autorités publiques de faire le nécessaire pour empêcher des atteintes aux droits.”

[...] Pour rappel, une cinquantaine d’habitants expulsés du village de Tsimkoura était venue trouver refuge le 22 février dernier dans les locaux de la Cimade afin de demander de l’aide (voir Flash Infos du 23 février dernier). Parmi eux, des personnes en situation régulière ou irrégulière et une trentaine d’enfants (dont certains nés à Mayotte). “En arrivant à Tsimkoura hier matin, des villageois nous ont fait comprendre que l’on pouvait déposer nos enfants à l’école, mais que nous ne pourrons pas aller les chercher l’après-midi”, expliquait Youssouf Ahamada, un des habitants expulsés.

Un collectif de Mahorais aurait procédé à l’expulsion de dizaines de familles comoriennes à Tsimkoura le 10 et le 17 janvier 2016, après avoir informé les concernés ainsi que les autorités de leur action par un courrier datant de décembre. Ce serait ainsi des dizaines de Comoriens, en situation régulière ou non, avec des enfants pour la plupart nés sur le territoire qui doivent trouver refuge dans les villages alentour. Pendant plusieurs semaines, les parents devaient également se rendre tôt le matin et en fin d’après-midi à Tsimkoura pour aller chercher et ramener leurs enfants à l’école.

Le dimanche 21 février, suite au retour de Comoriens dans leurs habitations à Tsimkoura, le collectif d’habitants aurait de nouveau procédé à des expulsions, allant jusqu’à brûler des habitations.

Lettre du collectif des habiants de Tsimkoura