Coopération policière franco-comorienne contre la circulation des Comoriens
Un projet d’accord « relatif à la circulation des personnes »
Ce n’est pas le premier « partenariat » par lequel la France obtient de la part d’une de ses anciennes colonies un appui à sa politique migratoire au mépris de la souveraineté acquise par cet État. Le schéma est donc bien rodé : des visas à entrée multiples pour la caste dirigeante et quelques accords économiques en contrepartie d’une coopération policière au contrôle du départ des migrants vers la France. Une version préliminaire d’un accord franco-comorien analogue est parvenue au Gisti.
Ce jeu de dupes était particulièrement délicat dans l’archipel des Comores. Car l’Union des Comores revendique sa souveraineté, reconnue par l’ONU, sur les quatre îles de l’archipel … y compris Mayotte dont la France a fait un département. Or la coopération dont il s’agit ici porte principalement sur la traversée en barque d’un bras de mer de 70 km allant de l’île comorienne d’Anjouan vers Mayotte.
Dès juin 2013, les deux présidents avaient déclaré leur amitié et la mise en place d’un « partenariat stratégique, exemplaire et ambitieux, » et leur détermination « à prendre toutes les mesures appropriées, notamment en matière de coopération et d’opérations conjointes nécessaires à la sécurité maritime ». Un accord militaire a déjà permis la formation de policiers comoriens par l’armée française (précisions sur ces étapes préliminaires). En gage de bonne volonté, le gouvernement comorien a, le 4 juin 2014, détruit quinze embarcations qui s’apprêtaient à partir vers Mayotte.
Un voyage du Président Hollande à Mayotte et dans la capitale de l’Union des Comores est prévu en juillet. L’occasion d’une signature solennelle de cet accord ? Cela semble probable sauf si, in extremis, l’opinion française mesure le risque de transformer Mayotte en un ghetto isolé de son entourage et l’opinion comorienne mesure les conséquences de cette soumission aux diktats de la France.