CDISCOM - Les enjeux du quatrième sommet de la commission de l’océan Indien

Communiqué de la coordination du collectif de défense de l’intégration et de la souveraineté des Comores, 27 juillet 2014
dimanche 27 juillet 2014

La réunion des officiers permanents de liaison (OPL) de la Commission de l’océan indien (COI) a bien eu lieu, comme prévu dans l’agenda des rencontres du Quatrième sommet des chefs d’état et de gouvernements de la COI. Le dernier sommet était prévu pour samedi 26 juillet à Moroni. Mais compte tenu des questions et des réactions qu’il a suscitées, ce sommet, a été sine die renvoyé aux calendes grecques, en nous laissant sur notre faim !
Des résistances que l’on ne peut balayer d’un revers de main.

Par ailleurs, force est de constater que les préparatifs de ce sommet se sont déroulés dans une atmosphère empreinte de gravité. Comme le rapporte la presse régionale, des voix se sont élevées afin d’interpeller les parties prenantes à ces rencontres, pour dire le sens qu’elles donneraient à la solidarité régionale : les planteurs de la Réunion se rappellent au bon souvenir du chef de l’état français ; dans leur déclaration, les jeunes Comoriens de l’association Ngo’shawo sollicitent l’implication des chefs d’état de la région, dans le règlement du contentieux franco-comorien sur l’île de Mayotte, comme « gage d’équilibre, de paix et de prospérité [dans la région] »

Une question singulière défraie la chronique dans la région : les participants aux travaux de ce sommet vont-ils valider, comme le veulent certains protagonistes de la commission, la transformation de la « Commission de l’Océan Indien », en une « Communauté des Îles de l’Océan Indien » ? Les autorités comoriennes ont-elles entendu les nombreuses critiques de ces derniers jours, tendant à dénoncer les visées de ce changement de nom ? Ont-elles conscience de la gravité de cette offensive diplomatique, qui fragilise encore davantage l’intégrité territoriale des entités de la sous-région, avec le dessein à peine voilé, de faire avaliser par les Comoriens eux-mêmes, la séparation de Mayotte des autres îles sœurs ?

Côté comorien, l’autre question qui préoccupe les défenseurs de la souveraineté nationale, concerne le projet d’« accord (franco comorien) sur la circulation des personnes ». Accord censé être signé à Moroni, à l’occasion de la visite du Président Hollande. Ce qui n’a pas manqué de susciter de multiples réactions : un tollé à l’échelle internationale, sous forme de communiqué, signé par une cinquantaine d’organisations politiques et de la société civile, intitulé « non à la signature d’un accord franco-comorien contre la circulation des Comorien-nes » ; la dénonciation par le Comité Maoré, des articles « guillotines » de cet « accord scélérat » ; le cri de révolte du Front Démocratique des Comores, qui dénonce cette volonté de « recolonisation des Comores par la France », ... Autant d’indignés vent debout contre les manœuvres françaises en porte-à-faux avec les vrais enjeux de la région du moment.

Même si l’on apprend par le discours national du président Ikililou (5 juillet 2014) que la signature dudit accord ne devrait pas avoir lieu, lors de la visite de son homologue français, l’inquiétude demeure quant à la persistance effective de la politique d’entraves par la France, à la circulation entre Mayotte et les autres îles comoriennes ! Il suffit pour s’en rendre compte, de lire la « déclaration de Paris sur l’amitié et la coopération entre la France et les Comores » (juin 2013) ou d’écouter le dernier discours onusien du président comorien (septembre 2013) qui annonce dans son épilogue, la mise en place d’un nième huis clos improductif sous forme d’un « Haut Conseil Paritaire » (HCP), en dehors de tout arbitrage international (ONU, Ligue arabe...) encore moins régional (Union Africaine, COI....).

Quand la diversion le dispute à l’enfumage

« J’ai décidé de reporter le déplacement que je devais effectuer à La Réunion, à Mayotte et aux Comores ». C’est par cette formule provocatrice et volontairement lapidaire dans son acception sécessionniste, que le Président Hollande annonce le 25 juillet sur le perron de l’Elysée, sa décision d’annuler sa tournée dans l’Océan Indien et ce faisant, sa participation au 4ème sommet de la COI à Moroni. Une décision qui fait suite au crash aérien du vol Air Algérie survenu au Mali le 24 juillet dernier causant 118 morts, dont 54 français.
Il est fort judicieux que le président comorien joigne sa voix à celles des autres membres de la COI, afin de surseoir aux travaux du sommet par solidarité, croit-on savoir, aux familles endeuillées. Et les marques de soutien et de compassion manifestées par le Président comorien à l’endroit du peuple français et des familles éprouvées, l’honorent et par ricochet, grandissent les Comoriens. Nous aimerions seulement que ces mêmes membres de la COI et au premier rang desquels le Président Ikililou, rompent leur silence assourdissant, en manifestant la même solidarité et la même compassion pour chacune des plus de 10.000 pertes de vies humaines victimes du « Visa Balladur » !

Alors détaillons les enjeux du sommet à venir

Si d’aventure, la dénomination de la COI évolue dans le sens proposé, cela revient une fois de plus, à faire de Mayotte une entité à part entière, dans le nouveau dispositif. Un dispositif qui porte atteinte à notre intégrité et à notre souveraineté, qui ne peuvent en aucun cas être, ni négociables, ni cessibles, ni monnayables. Et ce, au nom du droit inaliénable et imprescriptible reconnu par les instances et la Communauté internationales, mais aussi, par les partenaires de la région qui ne doivent pas laisser la porte ouverte aux visées hégémoniques de la France dans le futur ensemble régional. La solidarité interrégionale en matière de défense de leurs territoires est une donnée stratégique majeure pour le nouvel ensemble indianocéane. Car, faut-il le rappeler, les conflits territoriaux avec la France constituent le talon d’Achille en la matière. C’est le cas du conflit franco-malgache sur les îles éparses ou l’île de Tromelin. Conflit alimenté par des enjeux en rapport avec les gisements de gaz et de pétrole en offshore dans cette partie du monde !

Pour mémoire, précisons que la France met en œuvre le même mécanisme d’entrisme régional dans l’Océan Pacifique, en appuyant la candidature de la Nouvelle Calédonie au statut de membre du Forum des îles du Pacifique. Elle vise à n’en pas douter, une place prépondérante dans les instances décisionnelles de cette zone. Au nom de ses intérêts supérieurs, bien entendu !

A ce propos, il est grand temps que les peuples dominés par le même oppresseur, la France, se tendent la main, à travers les océans, pour mutualiser leurs savoir-faire et leurs vécus, afin de contrecarrer toutes manœuvres et machinations habituelles induites par les récurrents mécanismes impérialistes : faire pièce à ces logiques de divisions qui constituent leur fond de commerce.

Le leitmotiv du contentieux franco-comorien sur Mayotte.

Il repose sur une réaction des ministres de l’éducation et des relations extérieures, lors de la cérémonie de restitution du rapport « Migration aux Comores » en mars 2014 (faisant état de Mayotte entité distincte des Comores) en ces termes : « Les Comores sont un archipel composé de quatre îles : Ngazidja, Ndzuani, Maore et Mwali dont la superficie totale est de 2416 kilomètres carrés. L’Etat comorien considère dès lors comme irrecevable tout propos ou document écrit, officiel ou non officiel, de nature à présenter Mayotte comme un territoire autre que comorien ».

CDISCOM EST LE COLLECTIF DE DÉFENSE DE L’INTÉGRITÉ ET LA SOUVERAINETÉ DES COMORES
voir son blog : http://cdiscom.skyrock.com/

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