Retrouver cette information sur le site de la Cimade
Communiqué de la Cimade, 25 juillet 2016
Depuis le début de l’année, le nombre de personnes sollicitant l’asile a fortement augmenté en Guyane. Selon les chiffres de l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides), 1974 premières demandes d’asile ont été déposées dans le département au 1er semestre 2016 contre 695 sur la même période en 2015 […] |
Depuis le début de l’année, le nombre de personnes sollicitant l’asile a fortement augmenté en Guyane. Selon les chiffres de l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides), 1974 premières demandes d’asile ont été déposées dans le département au 1er semestre 2016 contre 695 sur la même période en 2015.
Ces données confirment une tendance observée depuis plusieurs semaines par les acteurs institutionnels et associatifs du département. Ces derniers constatent l’arrivée importante de ressortissants haïtiens, ayant fui l’instabilité et l’insécurité qui règnent en Haïti et qui rejoignent la Guyane via le Suriname dans l’espoir d’y déposer une demande de protection.
Malheureusement, et comme habituellement en Guyane, de nombreuses difficultés vont se dresser sur leur parcours.
De nombreuses personnes se font interpeller par la gendarmerie ou la police au barrage permanent d’Iracoubo, sur la route ou aux abords de la Préfecture et se trouvent enfermées au centre de rétention administrative (CRA) de Matoury alors même qu’elles indiquent, dès leur arrestation, vouloir demander l’asile. Elles se retrouvent donc illégalement privées de liberté et contraintes de déposer une demande d’asile depuis le CRA afin d’éviter une expulsion vers un pays qu’elles ont pourtant fui quelques jours ou quelques semaines auparavant.
D’aucuns parviennent à se rendre à la Croix Rouge, association chargée du premier accueil des demandeurs d’asile en Guyane, et à obtenir un rendez-vous plusieurs semaines plus tard pour entamer réellement leurs démarches d’asile. Pourtant, malgré une convocation à un rendez-vous ultérieur, il n’est pas rare qu’ils se fassent interpeller et illégalement placer en rétention.
Ainsi, monsieur L. a été interpellé par la PAF (police aux frontières) alors qu’il était en possession d’un document attestant de la réalité de ses démarches pour solliciter l’asile ainsi que d’une date de rendez-vous pour se rendre à la Croix-Rouge. Placé au CRA, il a été libéré par l’administration suite au dépôt d’un référé-liberté devant le Tribunal administratif.
Les structures existantes pour accueillir et accompagner les étrangers dans leur demande d’asile étaient déjà insuffisantes au regard du nombre de personnes sollicitant l’asile ces dernières années. Dans ce contexte de forte augmentation des demandes, le dispositif d’accueil est désormais saturé (plusieurs semaines entre la première présentation d’une personne exprimant sa volonté de solliciter l’asile et la remise de l’attestation de dépôt de demande d’asile).
Cette incapacité à accueillir dignement entraîne, outre l’absence de conditions d’accueil décentes, une mise en danger de ces personnes avec un risque d’interpellation et d’expulsion important, dans un département où les recours juridictionnels ne permettent pas d’éviter un éloignement qui peut parfois avoir lieu en quelques heures.