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Mardi 24 novembre dernier, la préfecture de Mayotte informait la presse des modalités de mise en œuvre locales de l’état d’urgence mis en place dix jours plus tôt en métropole. Cette mesure, consécutive aux tragiques attentats qui ont frappé Paris, était justifiée par la nécessité de traquer les auteurs de ces attentats et d’en prévenir de nouveaux. La mise en œuvre de l’état d’urgence nécessite, selon la loi, qu’il y ait un « péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public » ou des événements « présentant, par leur nature et leur gravité, le caractère de calamité publique ».
A Mayotte, les autorités n’ont pas tardé à profiter de ce contexte exceptionnel d’état d’urgence pour renforcer leurs opérations de contrôle des frontières et de la régularité du séjour des personnes. Ainsi, le préfet indiquait le 24 novembre que « la lutte contre l’immigration clandestine [s’inscrivait] naturellement dans les mesures prises dans le cadre de l’État d’urgence ». La Cimade dénonce cette association d’idées et l’accusation implicite comparant des migrants, essentiellement attirés par Mayotte pour des raisons sanitaires et économiques, aux exécutants de Daech.
Nous réfutons également la considération des migrations vers Mayotte- phénomène existant de longue date et que n’a pas entravé le visa Balladur -comme un péril imminent ou une calamité publique, pour reprendre les conditions de fond stipulées dans l’état d’urgence.
Puisque les opérations de contrôle traditionnelles ne semblent pas suffisantes en temps d’état d’urgence, le préfet a demandé et obtenu un patrouilleur de la marine national, issu des Forces armées dans la zone sud de l’océan indien (FAZSOI), pour renforcer la surveillance et le contrôle de la frontière entre Mayotte et les Comores. Selon Mayotte 1ère, des avions appartenant au détachement AIR des FAZSOI vont également participer à ces opérations de surveillance.
Ces éléments manifestent le franchissement d’un cap supplémentaire dans la confusion entretenue entre immigration et délinquance – désormais devenue menace terroriste, face à laquelle même l’armée est mobilisée.
L’état d’urgence permet aux politiques locales d’être de plus en plus répressives à l’égard des immigrés, alors que l’efficacité même des expulsions massives pratiquées maintenant depuis de nombreuses années à Mayotte a été contestée par des institutions telles que la commission des lois du sénat et la Cour des comptes, avec un coût que l’on fixe entre 50 et 70 millions par an.
Nous appelons ainsi à l’arrêt immédiat de toute communication des autorités renforçant l’amalgame entre immigration et terrorisme et à l’abandon de la politique répressive de contrôle des frontières des autorités françaises, qui ne fait que cacher une absence criante de réflexion de fond sur l’amélioration de la situation de Mayotte et de l’archipel des Comores.