Le week-end dernier à Rochambeau, cinq étrangers ont *refusé de prendre l’avion* qui allait les reconduire dans leur pays.
TRIBUNAL. Cinq hommes d’origine haïtienne en situation irrégulière ont été récemment interpellés par la police qui les a emmenés à l’aéroport de Rochambeau pour leur faire regagner leur pays d’origine. Avant d’entrer dans l’avion, ils ont traîné des pieds malgré l’insistance de l’escorte. Le commandant de bord n’a pas voulu prendre le risque de voir son vol perturbé et l’a fait savoir aux policiers.
Pour trois d’entre eux, la défense a longuement insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’un « refus » mais d’un « souhait » de ne repartir chez eux. La nuance a irrité le ministère public. Jean Clerville Basette, 49 ans, a déclaré qu’il n’avait plus de famille en Haïti. Joseph Arince, 45 ans, a soutenu qu’il a trois enfants domiciliés en Guyane.
Michel Verdier, 57 ans, n’a pas voulu rentrer parce qu’à l’arrivée à Port-au-Prince il n’aurait pas eu d’argent pour prendre le taxi. Un assesseur s’est demandé pourquoi les policiers n’avaient pas vérifié que ceux qui prétendaient avoir des enfants en avaient bien.
Brunel Malbranche, 36 ans, condamné à trois mois de prison avec sursis et à une interdiction de séjour le 12 mai, a été interpellé sur la voie publique. Il a tenté de convaincre le tribunal qu’il n’avait rien à faire à Haïti : « Je suis fragile. J’ai des ennemis dans mon pays. La mort est tragique, je veux éviter d’être mort. » La défense a fait état que son client courrait le risque de représailles et qu’il fallait le laisser libre afin qu’il effectue ses démarches administratives.
Mario François, 19 ans, a joué sur la corde sensible : « Je n’ai plus personne à Haïti, mon père et mes trois frères sont morts. J’ai des problèmes dans mon pays. » Son avocate a souhaité que le tribunal donne une chance à son client : « Il a effectué trois demandes de régularisation qui n’ont pas abouti. Il n’a pas eu de réponse de la préfecture. Le renvoyer serait signer son arrêt de mort.
Tous les cinq ont écopé de trois mois de prison avec sursis pour n’avoir pas respecté l’arrêté du préfet.