À LA UNE
A. Les droits dérogatoires des étrangers en outre-mer sous surveillance européenne
Le 13 décembre 2012, la cour européenne des droits de l’Homme avait condamné la France pour l’absence de moyen de recours effectif apte permettre à un Brésilien de faire valoir ses droits à une vie privée et familiale ; il avait été reconduit expéditivement depuis la Guyane (arrêt de Souza Ribeiro). Une première marque de l’attention portée par la Cour aux infractions à la Convention européenne des droits de l’Homme issues des droits d’exception en Guyane, Guadeloupe, Mayotte, St Martin et St Barthélemy.
Les directives s’appliqueront à Mayotte le 1er janvier 2014 quand elle deviendra une région ultrapériphérique (Rup) européenne. La France avait demandé à la commission européenne d’accepter des dérogations aux directives « retour » et « accueil » afin de se passer de l’effet suspensif du recours contre une décision d’éloignement et de la possibilité de donner une allocation temporaire d’attente en France aux demandeurs d’asile. Or, le 22 avril, en réponse à une question posée par Hélène Flautre, députée européenne du groupe des Verts, la commission a annoncé qu’elle avait refusé en ajoutant que « La France, dans le cadre de la mise en œuvre de [l’acquis de l’UE sur l’immigration et l’asile] est tenue de respecter les dispositions de la Charte des droits fondamentaux de l’UE ».
Bref... la France ne peut plus faire n’importe quoi en outre-mer !
B. Amitié franco-comorienne
Modèle de langage diplomatique, cette déclaration évite le mot de « Mayotte » pourtant au centre des relations bilatérales et à maintenir le flou quand au sens du mot « Comores ».
Officiellement l’Union des Comores se réfère en effet toujours à la résolution du 12 novembre 1975 des Nations unies (confirmée par plusieurs autres et toujours en vigueur) selon laquelle elle comporte quatre îles dont Mayotte. Le statut français de Mayotte n’est officiellement reconnu par aucun autre État de l’Union européenne en dépit de l’accord unanime des mêmes États à lui accorder le statut de Rup.
- Le Président Ikililou Dhoinine l’a rappelé lors d’un discours au quai d’Orsay, le 20 juin. Voir ce discours et le programme de la visite en France.
Mais dans les faits tous les éléments d’un « accord de gestion des flux migratoires » analogue à ceux que la France a établi avec d’autres pays d’Afrique sont en place même si les termes sont différents. « Les Comores ont besoin d’être soutenues dans leur développement et également pour régler – vous le savez – ces drames humains qui ne peuvent plus être acceptés, et de faire en sorte que nous puissions mieux nous organiser pour éviter ce type de situation » (F. Hollande à la presse le 21 juin).
- Du groupe de travail de haut niveau (GTHN) au Haut conseil paritaire (HCP) : quelques étapes
En 2007, les présidents Sarkozy et Sambi créent le Groupe de Travail de Haut niveau (GTHN). En 2009, à la période du référendum sur la départementalisation de Mayotte, l’Union des Comores y met fin.
Reprise des accords en 2011 :
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- Accord France-Comores sur les aspects sécuritaires et humanitaires de la circulation des personnes, signé le 1er avril 2011
- Programme Franco-Comorien de codéveloppement, signé le le 24 novembre 2011
Plusieurs petites actions de développement ont été menées - Accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de l’Union des Comores instituant un partenariat de défense ratifié 7 mai 2012 et publié par décret le 27 mai 2013
Dans ce cadre, des entraînements militaires ont été assurés par la France afin de former de former des Comoriens au contrôle des départs en kwassa de leurs citoyens. C’est d’ailleurs la conclusion de la déclaration d’amitié : « les deux signataires sont déterminés à prendre toutes les mesures appropriées, notamment en matière de coopération et d’opérations conjointes nécessaires à la sécurité maritime ».
Analyses et références générales sur l’outre-mer
A. Rétention
Balayage d’un coup d’un seul du moratoire sur les expulsions des Haïtiens depuis la Guyane. Il faut dire qu’elles avaient repris depuis belle lurette en Guadeloupe, alors… Et, la stigmatisation va toujours bon train en Outre-mer. Les « têtes » de syrien, de brésilien, de guyanien, d’indien, se font toujours arrêter n’importe où et n’importe quand, en Guyane, en Guadeloupe, en sortant du supermarché, à la montée du bus pour Oyapock... La justice veille, heureusement la police ne peut pas tout faire. Mais la police arrive encore à placer en rétention des Français et même les élus s’y mettent à la stigmatisation [...].
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B. Asile
Quelques données :
2515 demandes d’asile dans l’ensemble des DOM (20% de moins qu’en 2011) ; elles sont surtout concentrées en Guyane et à Mayotte.
Dans les départements d’Amérique, Haïti demeure le premier pays de provenance (75% en Guyane, 86% en Guadeloupe, 99% en Martinique). Le taux d’admission par l’antenne de l’Ofpra )à Basse-Terre est très faible : 2,7%. « Dans un souci d’adaptation à l’évolution des flux, une partie croissante de la demande est désormais traitée par le biais de la visioconférence avec la Guyane et Saint-Martin ».
A Mayotte, la majorité des demandeurs provient des Comores (79%) ; ils sont en général entendus par visioconférence (670 entretiens en 2012).
Extraits du rapport de l’Ofpra pour l’année 2012 en PDF
C. Colonialisme
- Quel colonialisme dans la France d’outre-mer ?
sous la direction de Marc Bernardot, Patrick Bruneteaux, Ulrike Zander
Revue Asylon (s) n° 11, mai 2013 (en ligne), Réseau Terra (réseau scientifique de recherche et de publication)
Plusieurs articles très intéressants, tous téléchargeables.
- Les Comores, une expérience de décolonisation inachevée
Intervention du CAAC (Collectif des associations et des amis des Comores), 24 février 2013
D. « Assistance mortelle » en Haïti
Un film de Raoul Peck 689 diffusé par Arte le 16 avril
Guyane
A. Expulsions vers Haïti
- Expulsion d’un demandeur d’asile vers Haïti : la préfecture de Guyane et le ministère de l’intérieur ouvrent le bal en piétinant leurs engagements et les droits de l’Homme, Communiqué interassociatif du 15 avril.
- Reprise des expulsions vers Haïti depuis la Guyane : les associations s’inquiètent et demandent le respect du moratoire (Communiqué interassociatif du 8 avril 2013
B. Analyses
- Matériaux pour une étude des délinquances en Guyane
par Laurent Mucchielli,
Études et travaux de l’Observatoire régional de la délinquance et des contextes sociaux (ORDS), n° 6, avril 2013
- Guyane : sur les docks,France-culture (27-30 mai 2013)
Quatre émissions de France culture (production, Nedjma Bouakra ; réalisation : Diphy Mariani)
Guadeloupe
- Sur le carnet de bord d’Anne Bertin, volontaire d’Échanges et partenariat :
Aujourd’hui, j’ai pris l’avion avec un Haïtien expulsé de Guadeloupe…, 17 avril 2013
Guadeloupe terre d’accueil..., 22 septembre 2012
Mayotte
A. Recommandation du Défenseur des droits sur les mineurs isolés à Mayotte
- Défenseur des droits : Mayotte : la situation inacceptable de 3000 mineurs isolés
Recommandation générale n° MDE-2013-87 du 19 avril 2013 relative à la situation particulièrement alarmante qui est réservée aux mineurs présents sur le sol mahorais
- Mayotte - rapport d’une mission de la Défense des droits sur la protection des droits des enfants
Mission conduite par Madame Yvette Mathieu préalable à la recommandation du Défenseur des droits
Commentaires
- Mineurs isolés étrangers en danger à Mayotte : le Défenseur des droits réclame des mesures urgentes sans s’attaquer aux causes de leur délaissement
Communiqué du 26 avril (Avocats pour la défense des droits des étrangers, La Cimade, Gisti, LDH)
- Défenseur des droits : une décevante pusillanimité face à la situation alarmante de 3 000 mineurs isolés étrangers à Mayotte
par Gabrielle Hébrard, in Lettre « Actualités Droits-Libertés » du Credof, 20 mai 2013
- Mineurs incarcérés à Mayotte : la situation générale du territoire débouche sur une délinquance de survie constate le Défenseur des droits
Après une saisine par l’Observatoire international des prisons en décembre 2012, le Défenseur des droits lui répond le 3 mai 2013.
B. Délit de solidarité
Les pressions et formes de répression que subissent sur l’île de Mayotte ceux qui s’engagent dans la contestation des politiques menées par les autorités sont nombreuses. Deux militants qui en avaient été victimes en décembre 2011 ont mené et gagné une longue bataille juridique ; l’un, engagé dans le réseau éducation sans frontières de Mayotte (Resfim) en juin 2012 ; l’autre en mai 2013.
- Mayotte, non renouvellement d’enseignants : Yann Durozad gagne sa guerre
Le tribunal administratif annule les mesures prises contre un enseignant à Mayotte dans un jugement du 22 mai 2013.
C. Rapports
- Préfecture de Mayotte : rapport d’activité des services de l’État 2011, diffusé sur le site de la préfecture en 2013
- IEDOM : rapport annuel 2012 sur Mayotte, publié en juin 2013
Annexes
Étrangers en outre-mer : un droit exceptionnel pour un enfermement ordinaire
Deux publications récentes de Mom et de l’Observatoire de l’enfermement des étrangers en ligne issues d’un séminaire tenu au Palais du Luxembourg le 8 décembre 2012
- Repères et analyses générales
- Témoignages et analyses par des acteurs de la défense des droits des étrangers en outre-mer (actes du séminaire)
Retrouvez toutes les lettres de Mom (depuis le 1er octobre 2009)
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